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La pulvérisation ciblée pour réduire la surface traitée

Pour l’expérimentation, la rampe équipée de capteurs permettant la détection des adventices était positionnée à l’avant du tracteur. Photo : DR
Pour l’expérimentation, la rampe équipée de capteurs permettant la détection des adventices était positionnée à l’avant du tracteur. Photo : DR

Arvalis teste actuellement  la pulvérisation ciblée, une technique qui vise à réduire les quantités d’herbicides utilisées, tout en maintenant l’efficacité sur les adventices. Des capteurs sont associés à des algorithmes d’intelligence artificielle pour la détection des plantes.

La Digiferme® d’Arvalis à Saint-Hilaire-en-Woëvre, teste, depuis deux ans, des technologies de détection d’adventices et de pulvérisation ciblée. « Il s’agit d’identifier les adventices et de traiter uniquement les surfaces infestées. Pour certaines interventions la surface de traitement n’est plus que de 1 à 20 % », explique Benjamin Collin, ingénieur régional grandes cultures pour l’institut du végétal. Une surface de traitement bien inférieure à celle des traitements localisés sur le rang, utilisés sur les cultures à large écartement comme le maïs, où environ 46 % de la surface de la parcelle est traitée. Toutefois, la pulvérisation ciblée est réservée « aux adventices se développant en taches, types vivaces, comme les chardons sur maïs et les rumex en prairie », indique Benjamin Collin.

Pour traiter uniquement les adventices dans une parcelle, encore faut il pouvoir les reconnaitre et les différencier de la culture. C’est là que les nouvelles technologies prennent tout leur sens : pour ces traitements, on utilise des capteurs associés à des algorithmes d’intelligence artificielle. « A Saint-Hilaire-en-Woëvre, nous avons travaillé avec la société Carbon Bee. Le principe est de positionner des capteurs type RGB (rouge vert bleu) haute résolution au niveau du tracteur équipé d’un GPS RTK. La proximité des capteurs avec le sol confère une meilleure qualité de détection qu’avec des drones par exemple », ajoute l’ingénieur régional.

Une détection juste dans 70 % des cas

Carbon Bee a fourni une rampe à usage expérimentale, équipée de trois capteurs capables de détecter sur neuf mètres de large. « La rampe est positionnée à l’avant du tracteur. Le tracteur ainsi équipé parcourt la parcelle et lorsqu’une adventice est détectée, sa localisation est enregistrée grâce au GPS RTK. A la fin de la parcelle, une carte de zones d’adventices est générée et intégrée à la console du pulvérisateur pour ouvrir les buses ou tronçons uniquement sur les zones d’adventices de la carte. Dans les premières expérimentations, la pulvérisation ciblée a eu lieu en deux passages, l’un pour détecter, l’autre pour appliquer. A terme, la détection et l’application se feront en un même passage », détaille Benjamin Collin.

Les résultats sont encourageants : « En ce qui concerne les chardons sur maïs, l’algorithme arrive aux mêmes conclusions que nous, que ce soit sur la présence ou l’absence de chardons, dans 70 % des cas. Les erreurs sont majoritairement dues, sur 25 % des points, à une sur détection des adventices, c’est-à-dire que Carbon Bee détecte des chardons que nous n’observons pas sur le terrain. Ainsi, les erreurs vont plutôt dans le sens d’une sécurisation de l’intervention. En effet, peu d’erreurs sont liées à des chardons présents mais non détectés, seulement 5 % des cas », indique Benjamin Collin.

Une fois la pertinence des cartes validée, c’est l’application du traitement selon les données de ces cartes qui a été testée. L’équipe de l’institut du végétal a pour cela utilisé trois marques de pulvérisateurs, équipés de capteurs de pression au niveau des buses. Une seule a donné satisfaction et a permis de réduire de 88 % de la surface traitée, par rapport à un traitement en plein. « Avec les deux autres marques, il n’a pas été possible d’aller jusqu’à l’application du produit, pour différentes raisons ».