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Le sol, une richesse trop méconnue

Marc-André Selosse a expliqué la vie dans le sol et les ennemis à tout ce travail qui se passe sous terre. Photo YD
Marc-André Selosse a expliqué la vie dans le sol et les ennemis à tout ce travail qui se passe sous terre. Photo YD

Professeur au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, Marc-André Selosse, a donné une conférence sur le thème des sols, à l'invitation de l'Apad Nord-Est. Plus de cent personnes étaient présentes au lycée agricole de Courcelles-Chaussy, pour écouter les propos du spécialiste.

Philippe Mourraux, président de l’Apad Nord-Est (association pour la promotion d’une agriculture durable) a ouvert les débats en expliquant les principes de l’agriculture de conservation, tels que le non travail du sol, la couverture permanente du sol et une grande diversité des espèces dans les couverts. En complément, il a expliqué que le travail de recherche des membres de cette association se poursuit afin d’améliorer encore leur technique. C’est dans cette optique qu’est venue l’idée d’une conférence de Marc-André Selosse sur les différentes composantes du sol et son fonctionnement, le 26 janvier au lycée agricole de Courcelles-Chaussy.

Le conférencier a débuté sa présentation en expliquant que tel un iceberg, pour l’écosystème terrestre, tout se passe sous terre. Plusieurs espèces travaillent sous terre sans pour autant être visibles : les microbes, champignons, bactéries, amibes. En plus des travailleurs invisibles, il y a également les racines, insectes et vers de terre. «Au total dans un gramme de sol, il y a plus d’espèces que dans un zoo !» explique Marc-André Selosse avant d’étayer ses propos avec des chiffres : «dans un hectare, il y a plus de 5 tonnes de microbes, 5 tonnes de racines et 1,5 tonne d’animaux. Le sol abrite 50 à 75 % de la masse vivante et 60 à 90 % de la matière organique vivante».

L’intérêt de la démonstration de l’intervenant est de démontrer le rôle du vivant dans le sol, avec sa capacité à dégrader et décomposer la matière organique et minérale en azote et en phosphate.

Fertilisation et brassage

La présence de légumineuses en couvert permet de fixer l’azote atmosphérique lorsqu’elle se dégrade dans le sol. Cette fertilisation descend dans le sol avec la pluie, le travail des vers ou encore le brassage opéré par les racines, et notamment celles des légumineuses. C’est pour cela qu’il est intéressant d’en introduire en interculture.

L’intervenant insiste sur la vie du sol et son bienfait pour la planète. En effet, tout ce travail invisible effectué sous terre permet de lutter contre l’effet de serre, mais avec seulement 4 % de la surface agricole utile non labourée, il reste encore une grosse marge de progression. Pour Marc-André Selosse, «le sol est le placenta de l’humanité, mais le travail du sol tue la vie souterraine. Il y a ainsi moins de champignons et plus de bactéries. Le labour augmente l’érosion d’un facteur dix».

Lors de son intervention, Marc-André Selosse a également abordé le sujet du glyphosate. Ce produit a un effet néfaste sur la reproduction des vers de terre, mais tue nettement moins la vie dans le sol que le labour. Pour l’intervenant, il faut chercher une façon de faire autre que le glyphosate, mais surtout ne pas le supprimer avant d’avoir trouvé une issue de secours. Il conclut sur le sujet en expliquant qu’on peut utiliser du glyphosate mais sans labour.

L’artificialisation tue les sols

Selon Marc André Selosse, ce n’est pas l’agriculture qui tue les sols, mais l’artificialisation. «En 50 ans, 10 % de la SAU a disparu» et il insiste sur le fait qu’un sol s’hérite, se transmet mais ne se construit pas. L'intervenant insiste sur la nécessité de préserver le sol, et de profiter de moyens naturels pour l’enrichir.