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Composer avec le manque d’eau en élevage

«Avec les fortes chaleurs, il faut bien surveiller les animaux», explique Adeline Drouet. Photo : A. H.
«Avec les fortes chaleurs, il faut bien surveiller les animaux», explique Adeline Drouet. Photo : A. H.

Persistance de la sécheresse et fortes chaleurs compliquent le métier d’éleveur. Exemple à Sivry-la-Perche.

«Nous avons commencé à soigner au parc vers le 10 juillet, c’est un bon mois plus tôt que d’habitude», explique Jean-Marie Drouet, qui élève avec sa fille Adeline un troupeau de 70 vaches Charolaises, à Sivry-la-Perche. «On tape dans les stocks, heureusement que l’on en a fait un peu l’an dernier». Sur l’exploitation de 220 ha de SAU, tous les jeunes animaux sont conservés pour l’engraissement ou le renouvellement du troupeau. Les mâles sont vendus à 14-16 mois après engraissement aux céréales.

«Ce serait bien qu’il pleuve»

Les deux éleveurs sont présents auprès des animaux, tous rentrés au bâtiment. Dans le parc où les vaches vont d’habitude, il n’y a plus d’herbe, et le ruisseau est à sec. Alors quitte à les nourrir, autant que les bêtes soient sur place, d’autant qu’il faut aussi amener de l’eau. «Les vêlages démarrent début octobre, si on ne leur donne pas à manger, les vaches n’auront pas de lait pour nourrir les veaux», poursuit Adeline.

Pour le moment, les stocks de fourrages réalisés l’an dernier, marquée par une forte pluviométrie, permettent de pallier la situation, sans entamer la nouvelle récolte. Et au printemps, «on a fait pu faire deux coupes d’herbe correctes», indique Jean-Marie Drouet, mais la récolte de fourrage a néanmoins été inférieure à la normale.

Les éleveurs comptent encore sur les dérobées pour compléter leurs stocks ; se fiant aux prévisions météo, Jean-Marie Drouet a semé une trentaine d’hectares de vesce avoine et de pois récemment ; ils lui permettent habituellement de réaliser une centaine de balles rondes. Mais rien n’est gagné cette année, il n’est tombé que quelques millimètres, insuffisant pour un bon démarrage de la culture. «Ce serait bien qu’il pleuve, il faudrait au moins 20 mm» espère l’agriculteur, qui a aussi semé 40 ha de colza. Les éleveurs ont décidé de souscrire à l’assurance climatique pour l’herbe, «ça coûte, mais on sera bien contents de l’avoir si ça recommence».

Surveillance accrue des animaux

Pour Adeline Drouet, installée début 2020, c’est une nouvelle année marquée par les aléas climatiques, après déjà une sécheresse il y a deux ans. «Avec les fortes chaleurs, il faut bien surveiller les animaux, explique-t-elle, en particulier les veaux, il faut bien les faire boire». Elle déplore deux avortements, sans être certaine qu’ils soient dus à la chaleur. Deux vêlages ont aussi eu lieu en avance, dont un avec des jumeaux ; l’un d’eux étant plus fragile, Adeline a préféré le mettre quelques jours au frais dans son garage, lors de la canicule.

Pour l’heure, les éleveurs n’ont pas décapitalisé de cheptel, mais ils restent inquiets face à la répétition des phénomènes climatiques. Et si le prix de la viande est relativement élevé actuellement, «est-ce que ça compensera la hausse du prix des intrants ?» s’interroge Adeline Drouet.