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Moins d’émissions pour gagner en efficacité

Camille Peureux : « Pas une révolution, mais une démarche de progrès ». Crédit DR
Camille Peureux : « Pas une révolution, mais une démarche de progrès ». Crédit DR

Le Gaec de la Fontaine, exploitation de polyculture élevage laitier à Boureuilles, s’est engagé dans la démarche Cap2R, en vue de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Plusieurs pistes d’amélioration des pratiques sont envisagées, sans rogner sur la production ni sur les résultats économiques.   

Comme de nombreux agriculteurs, Camille Peureux est soucieux du changement climatique, et de ses conséquences pour l’agriculture. En témoignent les récentes années de sécheresse ou l’excès de pluie cet été. « Il est important de faire ce que l’on peut pour améliorer la situation, explique le jeune agriculteur, et cela peut se faire sans se pénaliser, ni sur le travail, ni économiquement ».

Etat des lieux des pratiques

Associé avec son père dans le Gaec de la Fontaine, il s’est engagé dans la démarche Cap2r, en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre  de l’exploitation. La réflexion a débuté par un état des lieux des pratiques, réalisé en 2019 avec une conseillère de la Chambre d’agriculture. Tous les postes ont été passés en revue, élevage, bâtiments, stockage, achats extérieurs, consommation d’énergie...avec les émissions qu’ils engendrent. Les contributions positives sont aussi prises en compte (stockage de carbone par les prairies, haies,...).

L’exploitation compte 280 ha, dont 90 ha de prairies permanentes, 45 ha de maïs ensilage, et le reste en cultures (colza, blé, orge d’hiver et pois). La surface fourragère permet de nourrir un troupeau de 120 vaches laitières, produisant un peu plus de 1,1 millions de litres de lait par an. La ration est à base d’ensilage de maïs et d’herbe, complétés par des coproduits humides, du tourteau de colza, et éventuellement du pois. Les vaches  pâturent  au printemps, et bénéficient d’un parcours en été.

Meilleure gestion des prairies

Un certain nombre de « pistes d’amélioration » ont été identifiées, après comparaison avec un référentiel régional. Par exemple, du côté des effluents d’élevage. Actuellement, le lisier est épandu avec une tonne classique, ce qui entraine des pertes d’azote par volatilisation, d’autant plus « si il y a du vent et du soleil ». Camille Peureux envisage de mieux choisir ses périodes d’épandage, et réfléchit à une adaptation de sa tonne avec un pendillard, qui permet de déposer l’effluent sur le sol, ou à faire appel à un prestataire. Moins de perte d’azote, cela signifie une meilleure utilisation par les plantes, et un meilleur rendement pour les prairies.

Autre piste, une meilleure gestion du pâturage, notamment en s’appuyant sur le bulletin de la pousse de l’herbe publié par la Chambre d’agriculture. Camille Peureux prévoit d’adapter le chargement au printemps, « pour gaspiller le moins possible », et de récolter l’herbe en excès. Il envisage aussi de sursemer les prairies les moins productives.  Autre voie d’économie encore, « rajeunir l’âge de sortie des veaux, pour tendre vers un an». Et diminuer ainsi la consommation d’aliments.

« Une démarche de progrès »

« Il s’agit d’une démarche de progrès, pas d’une révolution, explique Camille Peureux, il n’y a pas d’objectifs extravagants, mais des directions à prendre pour perfectionner nos pratiques ; nous avons retenu les pistes qui nous conviennent, sans avoir à faire d’investissements, sauf éventuellement pour le lisier, et sans réduire la production ni les résultats ».

Au final, la démarche, volontaire et qui bénéficie d’un accompagnement technique, doit s’avérer positive, à la fois par les économies engendrées et une meilleure efficacité, tout en réduisant les émissions de près de 250 tonnes de carbone  sur cinq ans. Une économie transformée ensuite en espèces sonnantes et trébuchantes, via France Carbone Agri, qui garantit un retour d’au moins 30 €/t, voire d’avantage selon le marché du carbone. Soit plus de 7.400 euros au total, si tous les objectifs sont atteints.