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PAC et bas carbone au menu de la porte ouverte

Le groupe d’agriculteurs visite les bâtiments de l’EARL Garre. Crédit : Claire CHARASSIN
Le groupe d’agriculteurs visite les bâtiments de l’EARL Garre. Crédit : Claire CHARASSIN

Entre nouvelle PAC, Haute Valeur Environnementale et Bas-Carbone, les discussions ont tourné autour de la gestion future des élevages bovins allaitants, lors de la porte ouverte Inosys réseaux d’élevage, sur l’exploitation de Laurent Garre, le 23 novembre.

Installé depuis 2011 sur l’exploitation familiale à Bantheville (55), Laurent Garre est d’abord double actif avant de passer à temps plein en 2013. Son arrivée marque le lancement d’un troupeau allaitant charolais, avant l’arrêt du lait en 2015.

La ferme compte 70 mères et tous les animaux sont finis sur l’exploitation. Il exploite 190 hectares, dont 45 % de prairies permanentes. Particularité, deux grands bâtiments sont hérités de la double production : lait et viande. « Nous n’aurions pas conçu les bâtiments de la même manière si nous avions su que nous allions arrêter les vaches laitières. Les vaches ont cependant de la place et les bâtiments sont fonctionnels » précise Laurent Garre. « Ils représentent néanmoins des charges de structure conséquentes : 97 900€ en 2020, soit 514€/ ha de SAU » analyse Emilie Guerre, conseillère bovin viande à la Chambre d’agriculture de la Meuse.

Une PAC 2023 en faveur des élevages naisseurs-engraisseurs

Place ensuite aux sujets d’actualité : tout d’abord, la PAC de 2023 et son impact sur les systèmes bovins allaitants. Pour l’Earl Garre, les aides bovins allaitants devraient légèrement augmenter, puisque « cette nouvelle PAC est vraiment en faveur des engraisseurs. L’objectif c’est de donner envie de finir sur l’exploitation», estime Emilie Guerre. Dans la prochaine PAC, tous les animaux de plus de seize mois, et présents plus de six mois sur l’exploitation, rentrent dans l’addition. Cela devrait encourager les systèmes naisseurs-engraisseurs. Toutefois, l’aide est plafonnée à 120 UGB et 1,4 UGB par ha de SFP ICHN, pour « ne pas encourager la spécialisation et l’agrandissement des troupeaux, afin de concentrer l’aide sur des élevages résilients et transmissibles » selon Emilie Guerre.

Cette logique s’exprime au travers des éco-régimes, aides volontaires versées sous conditions de mise en œuvre de pratiques dites en faveur de l’environnement. L’aide est divisée en deux niveaux : le premier donne accès à une aide de 60€/ ha, le second à 82€/ha. Trois voies d’accès sont possibles : la mise en place d’infrastructures agroécologiques, de pratiques vertueuses pour l’environnement (comme le maintien des prairies permanentes), ou encore la certification, notamment en agriculture biologique, ou haute valeur environnementale (HVE). Le niveau 3 de la certification HVE donne accès au montant maximal de l'aide, soit 82 €/ha.

La démarche bas-carbone encouragée

La stratégie sous-jacente de la nouvelle PAC est axée bas-carbone. « Les principaux responsables du stockage de carbone sont la forêt et les prairies » insiste Emilie Guerre, « c’est pour ça qu’il faut maintenir l’élevage ». CAP’2ER est un outil d’évaluation de l’impact environnemental des exploitations agricoles. Les contributions positives sont aussi intégrées. Un auto-diagnostique sur le site de l’institut de l’élevage permet un aperçu de la situation de l’exploitation. La deuxième étape est un diagnostic avec un conseiller, qui peut aboutir à la mise en place d’un plan d’action. L’agriculteur peut aussi s’engager dans une démarche avec France carbone agri association, pour l’obtention de crédits carbone, qui pourront ensuite être vendus à des entreprises. La plus-value est à relativiser, à la hauteur de 30 € par tonne de carbone économisée.

Le diagnostic Cap’2Er est un outil intéressant, mais il n’intègre pas l’aspect économique. Exemple avec l’exploitation de Laurent Garre : pour pousser le curseur environnemental dans le vert, il faudrait mettre en place des prairies temporaires et réduire la part de maïs dans la ration. Problème : « recalculer tout en fonction de ces indicateurs est très complexe, il faudrait revoir en profondeur le système, qui fonctionne bien aujourd’hui », souligne Laurent Garre. Les changements de pratiques et de systèmes devraient d’abord être réfléchis sous les angles technique, économique et du travail. Les crédits carbone éventuels seraient alors à prendre en compte comme une plus-value supplémentaires aux gains engendrés par les trois performances précédentes. Mais la marge est ténue.