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Valorisation des protéagineux, vers un toaster dans le Grand Est ?

La Cuma Terr’eau a acheté son toaster 125 000€ en 2019. Photo : A.Legendre
La Cuma Terr’eau a acheté son toaster 125 000€ en 2019. Photo : A.Legendre

La FRCUMA Grand-Est a organisé une démonstration de toastage, le 4 novembre, à Boncourt-sur-Meuse (55). L’occasion de revenir sur les voies d’amélioration de l’autonomie protéique en élevage, mais aussi de mesurer l’intérêt des éleveurs pour la technique du toastage. 

Le toastage des protéagineux intéresse : une cinquantaine de personnes ont assisté à la démonstration organisée par la FRCUMA Grand-Est au Gaec du Béquillon, à Boncourt-sur-Meuse, le 4 novembre. L’évènement était adossé à la tournée du toaster de la Cuma Terr’eau, située dans la Nièvre, et qui traitera au total quatre cents tonnes de protéagineux dans le Grand-Est, sur six semaines. « Tout a commencé lorsque nous nous sommes intéressés à l’autonomie fourragère et protéique de nos exploitations dans le cadre d’un GIEE, explique Romain Marchal, président de la Cuma des madeleines, à l’initiative de la venue du toaster. Le toastage nous a paru intéressant pour l’autonomie en concentrés, mais il n’y a pas de toaster dans notre région, c’est un vide à combler ».

« Sur notre exploitation, nous faisons du soja, et le toastage apporte plusieurs avantages : avoir des protéines plus protégées, moins dégradables dans le rumen, être moins dépendants des cours mondiaux et maitriser ainsi nos coûts de production. Attention toutefois, avant de penser au soja et à son toastage, nous avons travaillé sur la qualité et le rendement de nos prairies naturelles et mis en place dix hectares supplémentaires de prairies temporaires », explique François Giron, associé du Gaec du Béquillon.

En effet, le soja n’est pas adapté à toutes les terres, du fait de ses besoins en eau, et l’autonomie protéique passe en premier lieu par la teneur en protéines de la ration de base. « 60 à 95 % des protéines sont apportées par la ration de base, c’est d’abord là-dessus qu’il faut travailler », indique Fanny Mesot, conseillère à la Chambre d’agriculture de la Meuse. 

Moins d’azote soluble après toastage

« Lorsqu’on intègre du soja dans la rotation, encore faut-il savoir quels seront ses débouchés, commence Jérôme Larcelet, nutritionniste chez Seenorest. La conservation en graine crue est délicate, car le soja possède un taux de matière grasse élevé. Si les graines sont aplaties trop tôt, elles vont rancir. Le toastage, qui consiste à chauffer les graines à 100°C à cœur, améliore la conservation, jusqu’à quatre mois environ. Il va également modifier la structure des protéines : le taux d’azote soluble diminue, et celui des protéines by-pass augmente. Le toastage supprime aussi les facteurs anti-nutritionnels, ce qui est surtout important chez les monogastriques. En revanche, la teneur en matière grasse reste élevée, et pour ne pas dépasser 4,5 à 5% de matière grasse dans la ration, il faudra être vigilant, et ne pas dépasser un kilo à un kilo et demi de graines de soja toastées ». 

Pour l’heure, la question est à la pertinence de posséder un toaster dans le Grand-Est : en effet, « la CUMA de Terr’eau ne sera pas en mesure de revenir l’année prochaine, et avec quatre cents tonnes toastées cette année, il y a du potentiel pour un toaster dans la région », explique Rachel Laurent, chargée de mission innovation à la FRCUMA Grand Est. Elle propose une réunion à destination des agriculteurs intéressés par l’implantation d’un toaster dans la région Gand-Est, le 3 décembre à partir de 9h30 à Pompey