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A l'AG FDSEA, le changement climatique entre défi et opportunités

Philippe Mangin (vice pdt région Grand Est), Hervé Lapie (pdt Frsea Grand Est et Olivier Dauger (adm. FNSEA) ont participé à la table ronde (Crédit :A.HUMBERTCLAUDE.)
Philippe Mangin (vice pdt région Grand Est), Hervé Lapie (pdt Frsea Grand Est et Olivier Dauger (adm. FNSEA) ont participé à la table ronde (Crédit :A.HUMBERTCLAUDE.)

Le dérèglement climatique et ses conséquences étaient au centre d’une table ronde organisée dans le cadre de l’assemblée générale Fdsea. Si des évolutions sont incontournables pour l’agriculture, il peut aussi offrir des opportunités, et positionner le secteur comme « apporteur de solutions ».

En assemblée générale le 18 février à Verdun, la Fdsea a organisé une table ronde sur le thème « Evolutions climatiques : faut-il avoir peur du changement ? ». Trois intervenants sont partagé leur vision pour l'agriculture face à un phénomène inédit qui menace l'avenir de la planète. Olivier Dauger,  administrateur FNSEA et référent « climat énergie », a d'abord « campé le décor », rappelant que le Giec a établi « un diagnostic sans appel » d’un réchauffement de « 0,89 degré depuis 1900 », conséquence de la hausse des émissions de gaz à effet de serre (Ges).

Développer la rémunération du carbone

L’Union européenne s’est engagée, à travers le « Pacte vert » , à réduire ses émissions de Ges de 55 % d’ici 2030, et d’atteindre la neutralité carbone en 2050. En France, la politique « climat-énergie » ambitionne de diviser par six les émissions de Ges d’ici 2050, tout en multipliant par trois le stockage du carbone et en décarbonant l’énergie. L’agriculture, «cause et victime » du réchauffement, « peut agir sur ces trois piliers », a expliqué Olivier Dauger.

Pour lui, le changement climatique « oblige à des transitions" , mais il ouvre aussi "beaucoup de voies",  pour l'agriculture, qui doit être reconnue comme « apporteur de solutions ». La Fnsea s’est engagée à « développer la rémunération du carbone  », mais « c’est complexe », a prévenu l’intervenant, soulignant que « la tarification du carbone sera le facteur clé de la transition ». Un enjeu important est la « massification de l’offre », ce à quoi s’emploie la profession actuellement.

« Un immense défi »

Lancé en 2019 par le gouvernement, le Label bas Carbone certifie les projets de baisse des émissions de Ges et de stockage de carbone, ce qui permet d’accéder à une rémunération (crédit carbone). Une plateforme est en cours de création, afin de recenser les différents leviers. « La première façon, c’est de produire plus de bio-masse », remarque Olivier Dauger,  qui cite  « l’intégration ou l’extension des couverts végétaux dans les rotations, l’implantation de cultures plus productives, ou encore l’extension des prairies temporaires ». A défaut d’amélioration, « les aides de la Pac pourraient être liées au carbone en 2030 », a-t-il mis en garde.

Pour Philippe Mangin, le changement climatique est « un immense défi », qui doit être traité « au moins au niveau européen », et « par le progrès et l’innovation». Le vice-président de la région Grand Est mise beaucoup sur la bio économie, domaine dont il chargé, et au 2ème rang des priorités régionales. Il évoque « des perspectives fabuleuses », citant « les biocarburants, les bio matériaux,  les fibres et  la chimie verte ». « Ne laissons pas quelques grands groupes se les accaparer ».

« L’environnement doit être un projet »

Hervé Lapie, secrétaire général adjoint de la Fnsea, insiste aussi  sur les progrès de la technologie, dont la génétique, qui a déjà « permis de réduire de 9 % les émissions de Ges ». « Un levier formidable », selon lui. Il évoque des recherches qui permettraient aux céréales de capter l’azote de l’air, convaincu que les américains trouveront la solution via les OGM. Il croit aussi  «aux combinaisons de la bio et de la chimie ».

Le président de la Frsea Grand Est plaide pour « une période de cinq ans pour engager les transitions ». Il rappelle qu’une « structure nationale pour le carbone et la biodiversité » est en cours de création, « pour renvoyer de l’argent aux agriculteurs », et faire en sorte que les transitions « ne coûtent rien aux agriculteurs ». « L’environnement doit être un projet, pas une contrainte », soutient-il.