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AFDI : débat sur les conséquences de la guerre en Ukraine, au Togo et en France

Djariatou Oudei et Gilles Lassagne ont évoqué la hausse des prix des intrants, et les problèmes de disponibilité auxquelles font face les agriculteurs. Photo : A.Legendre
Djariatou Oudei et Gilles Lassagne ont évoqué la hausse des prix des intrants, et les problèmes de disponibilité auxquelles font face les agriculteurs. Photo : A.Legendre

A l’occasion de son assemblée générale, l’Afdi a invité deux professionnels agricoles, l’une togolaise, l’autre français, à échanger au sujet des conséquences de la guerre en Ukraine, sur les producteurs des deux pays.

Le 20 juin, les locaux de la CAL à Ville-en-Vermois ont accueilli l’assemblée générale d’Afdi, sections Grand-Est et Lorraine. A cette occasion, Djariatou Oudei, présidente du REJEPPAT - RC (réseau des jeunes producteurs et professionnels agricoles du Togo de la région centrale), organisation partenaire de l’Afdi, et Gilles Lassagne, directeur du pôle végétal de la CAL, ont échangé avec la salle, autour des conséquences de la guerre en Ukraine sur les agriculteurs, togolais et français.

« Au Togo, les prix des denrées alimentaires ont flambé, introduisait Djariatou Oudei, qui produit principalement du soja et des volailles, sur trois hectares. Les prix de l’huile de tournesol et du sucre ont doublé, celui des tomates en conserves a augmenté de 40 %. L’huile d’arachide, produite localement, a également vu son prix augmenter, car les consommateurs ont reporté leurs achats d’huile de tournesol sur ce produit. Enfin, même des aliments produits en grande quantité au Togo, comme l’igname, ont subi une augmentation, bien que plus légère, car les pays voisins viennent s’approvisionner chez nous ». La présidente du Rejeppat déplorait également des difficultés d’approvisionnement pour certaines denrées comme la farine de blé, et donc le pain.

Hausse des prix des intrants

Si le constat est moins flagrant en France du côté de l’inflation alimentaire, la France restant « un pays exportateur », affirmait Gilles Lassagne, la flambée des prix de l’énergie et des intrants est toutefois impressionnante. En outre, le directeur du pôle végétal de la CAL s’inquiète pour les prochaines années, avec notamment à craindre « des problèmes d’approvisionnement en semences. En effet, l’Ukraine avait remplacé la production de contre-saison en Amérique du Sud chez beaucoup de semenciers européens. Cela nous inquiète pour l’année prochaine. Certes, au cœur du pays, les Ukrainiens ont semé la majorité des cultures mais ils manquent de bras pour les opérations culturales. Ensuite, il faudra encore faire sortir la marchandise. Deux solutions sont considérées : en camion via la Turquie ou par voie ferrée via la Roumanie, mais les trains transporteront moins de marchandises que des bateaux, et il existe un risque de sabotage des voies par l’armée russe ». Le sujet des semences semble un peu moins inquiéter Djariatou Oudei. En effet, elle utilise des semences de fermes, comme nombre de ses collègues producteurs.  En revanche, la hausse des autres intrants, engrais et carburant en première ligne, est très préjudiciable pour les agriculteurs togolais. « Les engrais ont vu leur prix augmenter de près de 50 % et le carburant également est impacté».

Développer la consommation de produits locaux

Le gouvernement togolais envisage plusieurs pistes pour faire face à la crise. « Le Togo met en place une politique de stockage de denrées alimentaire, pour sortir de la dépendance. Il souhaite aussi développer la consommation de produits locaux, qui pourrait bénéficier aux producteurs, avec l’implantation d’industries pour transformer les aliments localement et améliorer la souveraineté alimentaire du pays. Enfin, pour répartir les engrais de façon juste entre les producteurs, il faudra être organisé en coopérative ou en groupement de producteur pour en disposer », expliquait Djariatou Oudei.