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Agricultrice et engagée, savoir gérer son temps

De g. à d. : Jacqueline Cottier, Lydie Saunier, Béatrice Moreau. Photo DR
De g. à d. : Jacqueline Cottier, Lydie Saunier, Béatrice Moreau. Photo DR

Lors d'une conférence organisée dans le cadre d'Agrimax, les intervenants ont témoigné sur la façon de gérer leur temps, lorsque les responsabilités s’accumulent. Et sur leur ressenti lorsqu’ils sont fille ou fils de... 

Lydie Saunier a planté le décor «Comment parvenez-vous à gérer votre temps lorsque vous êtes agricultrice, responsable d’OPA, éleveuse, vice-président de la commission Agriculture… ?».

S’engager sur tous les fronts

Interrogée sur la façon d’organiser ses journées, Jacqueline Cottier, présidente de la Commission nationale des agricultrices depuis 2014 et installée depuis 1990, a souligné un point essentiel : l’organisation. «Je planifie, avec mon époux et mes associés, les semaines à venir. Tout est écrit, nous avons opté pour les codes couleurs pour plus de visibilité». En 40 ans, l’agricultrice fait remarquer que les choses ont beaucoup évolué. «J’utilise internet pour me permettre de gérer certains dossiers à distance»

L’animatrice s’est ensuite tournée vers Brigitte Paquin, présidente de la Commission des agricultrices en Meurthe-et-Moselle depuis 2017, et éleveuse, pour connaître ses limites en termes d’engagement. «Je m’impose des limites pour mieux m’orienter vers des domaines qui m’intéressent et me plaisent avant tout. J’ai la chance d’avoir des enfants autonomes et un salarié sur l’exploitation». La fille de Brigitte, présente, confirme : «je vis très bien le fait que maman s’investisse dans toutes ces responsabilités».

Une nouvelle question se pose : est-ce plus simple de s’impliquer lorsqu’on n’est pas parent ? Florine Handrick, agricultrice installée avec son père, souhaite avant tout s’épanouir et s’investir dans sa vie professionnelle. «Le jour où je déciderai d’avoir un enfant, il faudra que j’y réfléchisse bien avant et que je sache parfaitement m’organiser».

Oser s’investir

Béatrice Moreau, agricultrice, vice-présidente de la Commission agriculture, viticulture et forêt au Conseil régional, souhaite passer le message suivant. «Une agricultrice peut investir toutes les commissions, il faut cesser de les sectoriser, et surtout, il faut oser montrer ses compétences et connaître parfaitement ses dossiers. Cela permet de prendre la parole et de dire les choses avec un grand sourire». Elle avoue que le regard en politique est un peu différent selon que l’on est une femme ou un homme. Pour autant, «j’ai un défi, celui de défendre notre monde agricole. Nous devons dépoussiérer les outils coopératifs et être dans le collectif et la solidarité en agriculture».

Qu’en pense Marin Barbier, agriculteur, membre des Commissions mobilité et infrastructure de transport et Prospective régionale au CESER Grand Est ? L’animatrice l’a questionné sur son regard en tant que fils de Luc Barbier et sa position sur les engagements qu’il porte aujourd’hui. «Travailler les week-ends, les soirs, le stress et la colère ont forcément un impact négatif sur la vie privée et son exploitation», a confié le jeune agriculteur. «Mais, même si je considère que mon père a perdu du temps auprès de ses proches, il a beaucoup gagné humainement et intellectuellement. Et aujourd’hui, il est de très bon conseil pour moi et mes frères. Nous sommes très fiers de lui». Des responsabilités, Marin a également souhaité en prendre, mais il a surtout fait le choix de vivre sa vie auprès de sa famille et de son travail.

Assumer ses responsabilités

Anne-Marie Vieu, fille de Claude Florentin, directrice de la Chambre d’agriculture des Vosges, a vécu différemment le fort engagement de son père. C’est pour cette raison qu’elle conseille d’apprendre à ne pas culpabiliser et à oser se dire : ça marche aussi sans moi. «Notre père a toujours mis un point d’honneur à assumer jusqu’au bout toutes les responsabilités qu’il endossait. Il nous ouvrait les portes mais en nous obligeant à prendre notre autonomie. C’est ce qui a fait que je me suis engagée tout naturellement».  Si la responsable considère qu’elle est parvenue à établir un équilibre familial, elle précise «lorsqu’une cadre supérieure rentre à la maison, c’est toujours la maman qui franchit la porte avec sa charge mentale et sans pouvoir mettre les pieds sous la table».

Lydie Saunier s’adresse ensuite à l’ensemble des participants : est-ce que les femmes sont tentées de faire un choix plus professionnel que privé ? Les intervenants sont unanimes, il faut se faire confiance et mesurer les choses, se faire plaisir, ne pas avoir peur de ce qui peut arriver, s’amuser dans tout ce qu’on entreprend, se sentir bien, trouver sa place, choisir son métier et susciter l’envie. «Nos structures évoluent et si nous ne voulons pas les perdre, il ne faut pas rater le coche. Pour cela, sachons les faire progresser», a conclu Lydie Saunier.