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Des leviers d’action pour les agriculteurs bio

«Ne doutons pas de nous-même» a incité François Marchand président du GAB. Photo : A. J.
«Ne doutons pas de nous-même» a incité François Marchand président du GAB. Photo : A. J.

Après une croissance à deux chiffres ces dix dernières années, le marché du bio est fragilisé depuis presque deux ans. Les agriculteurs biologiques du département se sont exprimés et ont échangé leurs idées pour trouver des solutions lors de l’assemblée générale du GAB.

Une cinquantaine de personnes ont assisté, jeudi 9 mars, à l’assemblée générale du Groupement des agriculteurs bio de Meuse (GAB 55) à Benoîte-Vaux, animée par le président François Marchand. L’après-midi a été propice aux échanges et aux discussions libres entre les adhérents.

Rien n’est acquis

Les agriculteurs sont revenus sur les deux journées consacrées aux rencontres nationales de l’ABC (Agriculture biologique de conservation) qui ont eu lieu fin janvier en Meuse. Les échanges ont permis de travailler, par petits groupes, sur des expériences et des problématiques communes. «La démarche est intéressante car on se pose des questions, avec des personnes qui correspondent à notre schéma» a expliqué un participant. 

François Marchand est conscient «qu’il n’y a rien d’acquis dans le bio. Il faut toujours se remettre en question». En ce moment, «on parle de crise dans la bio» a-t-il souligné, rappelant que depuis les années 2000, le marché du bio ne connaissait que la croissance, avec une nette progression entre 2015 et 2019, selon les chiffres d’écozept. En 2020, l’année du COVID, le bio était à son pic avant un recul. Est-ce une chute ou un pallier ? Les avis divergent, certains ne voulant pas dramatiser la situation.

Une stratégie commune

Frédéric Mony, co-directeur de Probiolor a reconnu qu’après «des débuts galères», il y a plus de 30 ans, la filière bio a su se développer. Puis en 2022, «tout est arrivé en même temps». Il évoque pêle-mêle : la stagnation des marchés, la hausse du coût des charges, l’inflation… «Pour passer ce cap, il faut une stratégie commune et cohérente». 

«Dans la tête des gens, bio signifie cher» a expliqué un participant. Cependant, «la crise touche tout l’alimentaire. Les gens consomment moins» a estimé un autre.

Les adhérents se posent alors la question de mieux communiquer ensemble. «Ne doutons pas de nous-même. Nous avons besoin de montrer l’impact positif de nos exploitations» a repris François Marchand. «Dans ce genre de situation, il faut ressortir les fondamentaux de la vie. Il faut s’engager pour construire les filières. L’agriculture biologique est résiliente».

Quelques pistes sont annoncées : des interventions dans les écoles, la pérennisation du rallye bio, une présence dans des manifestations «grand public», et pourquoi pas inviter des influenceurs…

Doubler la part en RHD

Le rôle de la grande distribution est également évoqué. Si les producteurs lui reprochent de ne pas jouer le jeu, «on ne peut pas s’affranchir de discuter avec elle» a expliqué le président.

Un autre levier passe par la Restauration hors domicile (RHD). Dans la restauration collective, la loi impose, depuis le 1er janvier 2022, de retrouver dans les menus 50 % de produits durables et de qualité dont 20 % en bio. La loi EGALIM qui fixe cet objectif est peu respectée dans les faits. La part des produits bio représente seulement 6,2 % dans le Grand Est. «Si on double cette part, il n’y a plus de crise» a estimé le président.

L’outil Agrilocal proposé par le département est une aide précieuse même si d’autres structures comme Paysan Bio Lorrain organisent déjà la commercialisation des produits bio depuis presque 20 ans.