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Les jeunes, ressource pour la ruralité

Le renouvellement des générations en agriculture est « un gros enjeu pour la vitalité du territoire », a expliqué Hubert Basse (Crage). Crédit : A. HUMBERTCLAUDE
Le renouvellement des générations en agriculture est « un gros enjeu pour la vitalité du territoire », a expliqué Hubert Basse (Crage). Crédit : A. HUMBERTCLAUDE

Les jeunes sont l’avenir des territoires, encore faut-il qu’ils soient formés et aient envie d’y rester. Lors de l’assemblée des Maisons familiales rurales du Grand Est, une table ronde a mis en avant plusieurs initiatives pour les accompagner dans leur cheminement personnel et leur désir d’entreprendre.

L’université des territoires ruraux aurait dû se tenir en juin à la Madine, mais la crise sanitaire en a décidé autrement. Pour remplacer cet événement qui devait réunir des acteurs de la ruralité de toute la France, des vidéos diffusées sur internet ont mis en lumière diverses initiatives de jeunes ruraux du grand Est. Quelques-uns de ces témoignages ont servi d’introduction à une table ronde sur le thème « Entreprendre sur les territoires », lors de l’assemblée de la Fédération des Maison familiales rurales du Grand Est, le 18 mai à Void-Vacon (55).

Les participants ont pu ainsi découvrir un boulanger reconverti en chef d’entreprise spécialisée dans la prise de vues par drone, un herboriste  qui a créé un site internet puis un magasin, une jeune créatrice d’un centre équestre, etc... Autant d’exemples autour desquels des acteurs institutionnels ou associatifs étaient invités à réagir, et à expliquer ce qu’ils font pour la jeunesse.

L’enjeu du renouvellement des générations

Chargé l’installation à la Chambre d’agriculture Grand Est, Hubert Basse a rappelé « le gros enjeu pour la vitalité du territoire » que constitue le renouvellement des générations en agriculture, alors que « 30 % des chef d’exploitation du Grand est ont plus de 57 ans ». Les potentiels repreneurs sont de plus en plus diversifiés, « avant, on parlait d’installation hors cadre familial (HCF), maintenant, de Nima (Non issu du milieu agricole), remarque l’ancien président des Ja 55. Pour s’adapter à ces nouveaux publics, les chambres d’agriculture proposent  un accompagnement « le plus personnalisé possible ». Alors que l’agriculture « est à un tournant », suite au Covid qui a redonné de l’attrait à l’alimentation locale, « il est possible de s’épanouir dans les circuits courts ou ultra courts, mais aussi dans les filières locales, départementales ou régionale », soutient-il.

La Région a pour sa part mis en place une politique en faveur des jeunes autour de « quatre défis  :  mobilité, engagement, entreprenariat et orientation professionnelle », a expliqué Denis Hawner, responsable du service Jeunesse.  Elle propose notamment le dispositif « Entreprendre pour apprendre », qui permet d’accompagner des jeunes en formation dans un projet collectif. Et peut-être leur donner l'envie de créer leur propre entreprise.

« Partir pour mieux revenir »

Pour Johan Chanal, de Citoyens et territoires Grand Est, qui réunit des collectivités et divers partenaires, « les jeunes ne sont pas assez considérés comme des ressources » pour le développement local. Dans les environs de Commercy, l’association CARéMeuse, qui réunit des entrepreneurs, a mis en place un forum des métiers qui permet aux employeurs locaux de faire toucher du doigt des emplois accessibles localement. Le retour vers une alimentation est pour lui « un formidable appel d’air » pour faire revenir des jeunes qui ont souvent l’envie « d’aller  voir ailleurs », jugeant que leur territoire ne leur offre pas d’avenir. Une démarche, facilitée par le programme d'échanges européen Erasmus, un « pari sur l’avenir », selon Johan Chenal, « c’est leur apprendre à partir pour mieux revenir ».

Dans  cette vaste entreprise, les Maisons familiales rurales ont tout leur rôle à jouer, « notre réseau permet d’être en recherche de ce que l’on veut faire, grâce à la pédagogie de la rencontre, il provoque des déclics et la passion prend le dessus » , estime Dominique Ravon, agriculteur en Vendée, et président de l’Union nationale des MFR. Il aimerait que les territoires ruraux bénéficient des mêmes niveaux d’investissement que les grands centres urbains.