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Session Chambre : entre hausse des cours et des charges

Jean-Luc Pelletier (pdt), entouré de P. Duchêne (adj. DDT), J.P. Vautrin (vice pdt Cons. dép.) et P. Cerneau (direct. CDA) : « Il est rare que les arbres montent jusqu’au ciel ». Photo : AH
Jean-Luc Pelletier (pdt), entouré de P. Duchêne (adj. DDT), J.P. Vautrin (vice pdt Cons. dép.) et P. Cerneau (direct. CDA) : « Il est rare que les arbres montent jusqu’au ciel ». Photo : AH

Retour sur une année 2022 marquée par la sécheresse et la grande volatilité des cours, lors de la session de la Chambre d’agriculture. L’équilibre budgétaire s’annonce incertain pour 2023, dans le contexte inflationniste.  

«Il est rare que les arbres montent jusqu’au ciel», a déclaré Jean-Luc Pelletier, devant les membres de la Chambre d’agriculture, réunis le 29 novembre à Bar-le-Duc. Si l’année qui se termine a été marquée par la hausse des cours de la plupart des denrées, la flambée des charges, engrais, énergie, vient tempérer un optimisme tout relatif, à l’issue d’une moisson «très hétérogène». Le président anticipe déjà sur 2023 où les agriculteurs risquent de devoir supporter «les hausses drastiques» de l’énergie et des intrants, alors que les cours des denrées restent incertains.

Maintien de l’élevage

Le constat vaut aussi pour les éleveurs bovins lait et viande, qui ont subi l’impact sur la production fourragère d’une sécheresse très sévère, «la plus marquée depuis 50 ans». Une procédure de reconnaissance en calamité agricole a été engagée, et une mission d’enquête s’est rendue sur le terrain début novembre pour réaliser une trentaine de bilans fourragers. Pascal Duchêne, directeur adjoint de la DDT, a évoqué «un taux de perte supérieur à 50 %», dans l’attente des chiffres définitifs. Le dossier meusien doit être examiné par le comité national de gestion des risques agricoles, dont une réunion est prévue ce vendredi 9 décembre. Le niveau de dégrèvement d’impôts fonciers devait aussi être fixé prochainement.

Les sécheresses répétées reposent la question du maintien de l’élevage, et de la création de réserves d’eau, dans un contexte d’érosion des effectifs bovins. Jean-Luc Pelletier a salué le projet «Sauvons nos prairies, sauvons nos élevages», soutenu par l’agence de l’eau Rhin Meuse et le Conseil départemental, ainsi que «l’ouverture à une réflexion» sur la question des réserves d’eau. Inquiétude aussi pour les volailles et les porcs, entre grippe aviaire et hausse des coûts des aliments, et pour les arboriculteurs, maraîchers et producteurs en circuits courts, confrontés à l’envol des coûts de l’énergie. À cela s’ajoute les incertitudes qui planent sur les éventuelles coupures d’électricité en janvier.

Et alors que l’énergie photovoltaïque tend à se développer, le président a rappelé «qu’il est nécessaire de disposer de garde-fous», pour l’installation de panneaux au sol, dont un passage obligatoire des dossiers en CDPNAF. Et de rappeler que l’agrivoltaïsme «oblige au maintien d’une production agricole sous les panneaux, dont le chiffre d’affaires reste proche de ce qu’il était initialement».

Budget plus que tendu

Avant la présentation du budget 2023, Jean-Luc Pelletier a alerté sur les ressources de l’institution, dans un contexte inflationniste. La hausse des coûts de l’énergie, ajoutée à celle des salaires représente «environ 250.000 € de charges supplémentaires» pour la Chambre de la Meuse, a-t-il expliqué. Les demandes formulées auprès de l’Etat, pour revaloriser les ressources issues de la taxe sur le foncier non bâti, et pour un reversement des excédents du fond CASDAR, abondé par le monde agricole, sont restées lettre morte. Et ce alors que les Chambres «assurent de plus en plus de missions de service public et parapublic».  Une situation qui a motivé l’adoption d’une motion, avant une rencontre avec les parlementaires. «On ne peut pas nous solliciter en permanence», a appuyé Jean-Luc Pelletier, évoquant «un braquage de Bercy qui n’admet pas l’augmentation de nos dépenses».

Le budget pour 2023, d’un montant global de près de 6,7 millions d’euros, s’annonce en déficit de 129.000 euros, avec un fonds de roulement réduit à 73 jours, au lieu de 80 cette année.