À Morgemoulin, Christian Lepezel a cédé son exploitation à un candidat au métier à la recherche d’une exploitation. Avec la satisfaction de voir la ferme perdurer, et l’avenir de son élevage préservé.
«Je suis content d’aller faire une attelée de faucheuse, j’ai l’impression d’être encore dans le coup», explique Christian Lepezel. Cet ancien agriculteur a cédé il y a trois ans, la ferme de polyculture-élevage sur laquelle il a travaillé toute sa vie. Aucun de ses deux enfants ne souhaitait s’y installer. «Je m’étais préparé psychologiquement depuis longtemps» relate l’agriculteur, qui évoque «une maturation lente». Surtout, il ne souhaitait pas «voir disparaître la ferme», exploitée par plusieurs générations avant lui.
«Une ferme qui me correspondait bien»
Ne sachant pas vers qui se tourner, il s’oriente vers la SAFER ; un appel à candidature est lancé. Et c’est ainsi que s’opère la rencontre avec Adrien Seners, originaire d’un village voisin. Le jeune homme n’est pas fils d’agriculteur, mais, après des études agricoles et un emploi de salarié dans un organisme d’élevage, il recherchait à s’installer.
Le courant passe entre les deux hommes, d’autant que le projet d’Adrien Seners est de poursuivre et développer l’élevage, un critère très important aux yeux de Christian Lepezel. «C’est une ferme d’élevage qui correspondait bien à ce que je recherchais, avec une cinquantaine d’hectares autour du bâtiment», explique le jeune agriculteur. L’exploitation compte 80 ha, dont 50 ha de prairies, un troupeau de 30 vaches laitières et une vingtaine de Charolaises.
Après avoir suivi le parcours à l’installation, Adrien Seners s’installe le 1er janvier 2018, et bénéficie d’un suivi par la Chambre d’agriculture. La production laitière, réalisée dans des bâtiments anciens, est arrêtée, mais le jeune agriculteur développe le troupeau Charolais, en achetant des animaux et en améliorant la génétique. Il participe à des concours d’élevage, avec pour projets de vendre des reproducteurs et de la viande en direct.
«Permettre un maximum d’installations»
L’effectif atteint désormais 80 vaches allaitantes, et la construction d’un nouveau bâtiment est envisagée. Adrien apprécie toujours la visite ou le coup de main occasionnel de son cédant, «car il a toujours des choses à m’apprendre» relate-t-il.
Un exemple d’installation «hors cadre familial» que Hubert Basse, vice-président de la Chambre d’agriculture, aimerait voir se multiplier. «Il y aura beaucoup de départs en retraite dans les années à venir, et il y a beaucoup de porteurs de projets au Point accueil installation ; il faut permettre un maximum d’installations, mais les futurs cédants ne savent pas toujours vers qui se tourner», explique-t-il. C’est la mission du Point info transmission créé en 2020, de les renseigner et de les orienter. Vingt-cinq futurs cédants ont contacté le Point info transmission l’an dernier. Un premier contact dès 55 ans est préconisé, pour bien préparer son départ.
