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Une conjoncture délicate pour les ETA

Les entrepreneurs de travaux agricoles contraints de composer avec la flambée des coûts. Photo : A. H.
Les entrepreneurs de travaux agricoles contraints de composer avec la flambée des coûts. Photo : A. H.

Les entreprises de travaux agricoles doivent composer avec une conjoncture difficile, avec des charges en forte hausse, qui impactent la rentabilité. Une augmentation des tarifs des prestations paraît incontournable pour la campagne qui débute.

Cinq entreprises de travaux agricoles(*) étaient réunies à Muzeray, à l’ETA Perrière Service, le 6 mars. Une rencontre comme en tiennent une fois par an, les adhérents meusiens à la Fédération nationale des entreprises de travaux agricoles et forestiers (FNEDT), et qui cette année, était marquée par une inquiétude certaine, face à la conjoncture, alors que débute la nouvelle campagne.

Hausse des charges et des tarifs

«La plupart de nos charges sont en forte hausse, explique Benoît Pion, gérant de l’entreprise Agri Woëvre, et membre du conseil d’administration de la FNEDT, la ficelle et les films de round baller ont augmenté de 40 à 45 % en deux ans, le prix de l’huile a été multiplié par trois, les pièces de matériel ont augmenté de 25 %, la main-d’œuvre de 12 % depuis juillet 2021, les assurances de 20 % en un an...». À cela s’ajoute la flambée des prix du matériel, et du carburant dont ces entreprises sont de grosses consommatrices.

Dans ce contexte, «nous n’avons n’a pas d’autre choix que d’augmenter nos tarifs, ou disparaître», poursuit l’entrepreneur. Déjà l’an dernier, les ETA ont dû relever leurs tarifs «de 10 à 15 %», selon les prestations et le type de matériel, «plus une indexation mensuelle sur le gazole non routier». Et pour cette année, les entrepreneurs prévoient une hausse du même ordre, indispensable selon eux pour assurer la pérennité de leur entreprise.

«Nous avons des salariés qui ont des familles à faire vivre», appuie Thibault Erard, associé avec son frère dans l’ETA Perrière Services. Selon leur taille, ces entreprises peuvent employer jusqu’à une dizaine de personnes, conducteurs d’engins ou mécaniciens agricoles.

Achats groupés et qualité de service

Pour s’adapter, ces ETA s’organisent en réalisant des achats groupés, bâches, ficelle et films d’enrubannage en particulier, afin d’obtenir de meilleurs prix. Mais pas de quoi absorber la flambée des dépenses, «la hausses de nos tarifs l’an dernier nous a seulement permis de pallier l’augmentation des charges» poursuit Benoît Pion.

Elles doivent aussi compter avec la difficulté à trouver de la main-d’œuvre, qui tend à se raréfier comme dans de nombreux secteurs. Autre inquiétude exprimée, le recul de l’élevage, un domaine pourvoyeur d’activités. Certaines entreprises tentent bien de se diversifier, par exemple en proposant du binage, la vidange de fosses septiques, ou en louant des bennes pour des chantiers de travaux publics. Mais il est plus difficile d’investir et de renouveler leur matériel, voire d’acquérir du matériel innovant avec des taux d’intérêt eux aussi à la hausse. Quant à la méthanisation, elle n’a pas non plus apporté un surcroît durable d’activité.

Alors pour 2023, les gérants d’ETA s’attendent à une année difficile, avec un risque de concurrence accrue. Ils misent avant tout sur leur professionnalisme et la qualité du service rendu pour continuer à satisfaire leurs clients. Et faire ainsi accepter au mieux la hausse de leurs prestations.

*SARL Perrière Service à Muzeray, Agri Woëvre à Bonzée, SARL Leherle et fils à Waly, ETA des Forges à Vaucouleurs, et Guérin et fils à Villers-sur-Bar (08).