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Une feuille de route ambitieuse pour EMC2 en 2024

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«Il faut de la cohérence, de la proximité et de la confiance. Notre  feuille de route pour 2024 est fixée : compétitivité, innovation et  renouvellement des générations» exprimait Bruno Didier, président d’EMC2 lors de l’assemblée générale
«Il faut de la cohérence, de la proximité et de la confiance. Notre feuille de route pour 2024 est fixée : compétitivité, innovation et renouvellement des générations» exprimait Bruno Didier, président d’EMC2 lors de l’assemblée générale

La coopérative EMC2 a tenu son assemblée générale, vendredi 12 janvier à Verdun. Les dirigeants sont revenus sur le bilan de l’année écoulée avant de dresser leur feuille de route pour 2024.

C’ est devant 600 personnes à Verdun, qu’Emc2 a dressé le bilan de cette année, affichant ainsi un chiffre d’affaires de 550 M€ (contre 486 M€ l’année dernière) et un résultat annuel de 2,8 M€ soit moins important que celui de 2021- 2022 qui était de 4,3 M€.

Passant en revue les différentes branches d’activité de la coopérative, Arnaud de Maret, directeur général d’Emc2, a annoncé une collecte de céréales à 859.000 tonnes, une baisse de 11 % par rapport à l’année dernière qui peut s’expliquer par les conditions météorologiques qui ont touché de manière plus ou moins disparate les surfaces. Mais «la qualité était là et ce qui n’a pas été le cas de toutes les régions de France» soulignait-il annonçant que «la récolte à venir ne devrait pas être plus importante et risque même d’être inférieure à 800 kilotonnes. Pour la collecte bio, elle a doublé, malgré un marché saturé». La hausse de l’énergie et des fournitures, déclenchée par la guerre en Ukraine, s’est poursuivie, entraînant «un manque de visibilité complet sur les marchés engrais et céréaliers pour les six premiers mois de la campagne» confiait-t-il.

L’élevage bouleversé

2.000 éleveurs sont adhérents à la coopérative et la collecte en élevage d’animaux s’évalue à 70.762 bovins et 45.760 ovins, soit une baisse de 6,5 % en raison du «contexte économique global avec une inflation impactant fortement le budget des ménages, provoquant une forte baisse de la consommation et donc un ralentissement du commerce, une pression sur les prix d’achat en ferme» a évoqué la coopérative. Sabest, l’abattoir de Belleville-sur-Meuse a reçu 32.848 animaux pour un chiffre d’affaires de 48,1 M€ cette année.

Le secteur de l’approvisionnement a augmenté de 14 %, arrivant à 144 M€ dont 60,4 de chiffres d’affaires avec Aladin, la plateforme de vente en ligne. La section Agronomie et Développement, «notre fer de lance» assurait Arnaud de Maret, «comptabilise 530 analyses de sève 'Top Diag', 26.000 ha de prestation Be Api et trente projets labélisés Bas carbone Grandes Cultures».

Une feuille de route stratégique

Face à ces instabilités, Bruno Didier, président d’EMC2, évoque une feuille de route ambitieuse pour 2024, en trois points : «nous sommes dans une période de trouble, où le manque de visibilité fait apparaître, pour chaque consommateur que nous sommes, un sentiment plus ou moins marqué d’insécurité. Il nous faut de la cohérence, de la proximité et de la confiance. Notre feuille de route pour 2024 est fixée : compétitivité, nous devons être rentable pour exister et être dans la course, innovation, et ça c’est un levier stratégique et prioritaire, et enfin le renouvellement des générations, nous devons être vigilants pour que les savoir-faire soient transmis et que les jeunes soient accompagnés».

Un an de présidence

«La coopérative travaille à vos côtés pour que vos exploitations soient rentables, transmissibles et résilientes pour être au plus proche de vous et ce, dans la transparence. Le monde avance de plus en plus vite et pour nous adapter, cela ne sera possible que s’il y a des femmes et des hommes qui s’engagent» exprimait Bruno Didier, revenant sur sa première année de présidence : «ma première année à la présidence s’achève, douze mois pendant lesquels je suis allé à la rencontre de tous. Je suis agriculteur en Haute-Marne et je me suis engagé à la coopérative depuis 2007 et tout cet engagement m’a beaucoup appris».

 

Une dévalorisation du travail

Pascal Perri, économiste et chroniqueur, est intervenu sur le sujet du travail : «un syndicaliste m’a dit un jour "aujourd’hui, c’est tout pour ma gueule" et ça exprime ce qui se passe. Les personnes veulent disposer de leur temps sans s’acharner au travail qui est vu comme une pollution. Comme disait Luc Ferry, c’est la fin de deux grands rêves, la foi dans la vie future et la vision d’un monde meilleur qui passe par des souffrances endurées. Il y a clairement une dévalorisation du travail, et avec cette société du temps libre, on perd de la main-d’œuvre, nous le voyons déjà dans les vendanges par exemple. D’autant que ce type de société, il faut pouvoir la financer...». Revenant sur les causes de cette dévalorisation, il a évoqué le besoin des jeunes d’avoir tout tout de suite sans effort, la natalité en baisse et le célibat en hausse ajoutant que «les étapes de la dépréciation du travail sont longues et l’école a aidé en ne faisant plus apprendre le goût de l’effort et en assurant simplement l’épanouissement de l’enfant».