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Au GAEC Saint-Eloi, l’autonomie azotée se décline du champ aux animaux

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Martin Gabriel, un des associés du GAEC Saint-Eloi, a expliqué les choix de conduite de l’exploitation. Photo : A.Legendre
Martin Gabriel, un des associés du GAEC Saint-Eloi, a expliqué les choix de conduite de l’exploitation. Photo : A.Legendre

Le 14 septembre, le Partage tour a fait escale au GAEC Saint-Eloi, à Nubécourt, en Meuse. Au programme : valorisation des effluents, couverts végétaux et culture du soja.

Cette exploitation de polyculture-élevage laitier compte deux associés et un salarié. Ils exploitent 243 hectares et produisent 850.000 litres de lait avec 70 vaches laitières Prim’holstein. Le bâtiment des vaches laitières est sur caillebotis depuis sa construction il y a quatre ans, et le passage au robot.

«Nous sommes passés au tout lisier, ce qui représente 1.500 m3 à valoriser», explique Martin Gabriel, un des associés. L'exploitation fait appel à une entreprise de travaux agricoles équipée d’un épandeur avec pendillards au sol, pour limiter les pertes d’azote par volatilisation, de l’ordre de 25 unités économisées par rapport à un épandage avec des buses palettes, selon les chiffres du projet Partage. «Cela représente une économie de 55 €/ha si on considère l’unité d’azote à 2,20 €», indique Honorine Gabriel, chargée d’études à la CRAGE.

Une partie du lisier est épandu au printemps, avant le semis du maïs, le reste l’est à l’automne : une partie sur prairie, une autre avant les semis d’orge d’hiver, et enfin une troisième sur les couverts végétaux précédant les cultures de printemps. La bonne implantation de ces couverts est d’ailleurs nécessaire, pour que l’azote minéral soit piégé puis restitué à la culture suivante. En effet, les lisiers présentent une plus grande proportion d’azote minéral (40 %) que les fumiers (10 %), ce qui augmente les risque de pertes par lixiviation.

Couvrir les sols le plus longtemps possible

Piéger l’azote minéral n’est toutefois pas le seul avantage des couverts, selon Martin Gabriel : «Un couvert réussi, c’est-à-dire une année sur trois, avoue l’éleveur, ce sont 20 à 30 unités d’azote économisées pour la culture suivante. De plus, les parcelles sont plus propres, l’activité biologique du sol augmente, la porosité aussi, les sols sont plus simples à travailler mais aussi plus portants, et ils gardent mieux l’humidité». Ainsi, au GAEC Saint-Eloi, les sols sont couverts le plus longtemps possible dans l’année. Une stratégie qui va de paire avec le passage à l’agriculture de conservation des sols, il y a huit ans. Depuis, la rotation a été allongée, et de nouvelles cultures ont été introduites dans le système : pois de printemps, tournesol et soja.

Ce dernier est cultivé depuis cinq ans. Il est commercialisé, mais lors de mauvaises années, il peut également être récolté en vert, et intégré dans la ration des animaux. Cela a été le cas en 2019. En effet, la culture est gourmande en eau, et les rendements peuvent être très impactés lorsque l’été est sec. Cette année par exemple, 14 q/ha sont attendus.

Pour maximiser les protéines produites sur un hectare, le soja est conduit en double culture, après un méteil riche en légumineuses. «Nous récoltons le méteil assez tôt, entre mi-mai et début juin, pour implanter le soja dans la foulée», explique Martin Gabriel. «Le soja s’adapte bien à cette double culture», ajoute Aurore Baillet, ingénieur de développement pour Terres Inovia. 

 

En Lorraine, Terres Inovia préconise des variétés de groupe de précocité 000. Sur cette photo, des variétés de groupe 1 et 2 encore vertes le 14 septembre. Photo : A.Legendre
En Lorraine, Terres Inovia préconise des variétés de groupe de précocité 000. Sur cette photo, des variétés de groupe 1 et 2 encore vertes le 14 septembre. Photo : A.Legendre