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La moisson 2023 surprend et déçoit

La majeure partie de la moisson s’est déroulée autour du 14 juillet. Photo : H.Flamant
La majeure partie de la moisson s’est déroulée autour du 14 juillet. Photo : H.Flamant

Avec un printemps froid et humide, on s’attendait à une moisson tardive, et l’état végétatif des cultures laissait présager de bons rendements jusque début juin. Finalement, la moisson 2023 surprend, par sa précocité et son hétérogénéité, et déçoit, par ses rendements.

La moisson des orges d’hiver a commencé autour du 20 juin en Lorraine, «un record de précocité» selon Vincent Le Ber, responsable céréales chez Lorca. Pourtant, avec un printemps froid et humide, au 15 avril, on aurait plutôt tablé sur une moisson tardive.

Tardive, et avec de bons rendements, puisque l’état des cultures au printemps «paraissait exceptionnel, et ce jusque début juin», se rappelle David Meder, responsable céréales chez EMC2. C’était sans compter les mois de mai et juin chauds et secs, «nous n’avons plus eu d’eau pendant sept semaines, en plein pendant les périodes de floraison et de remplissage des grains», explique Jean-Marie Guerber, président du GPB. Le vent, continu, de jour comme de nuit, aura également impacté les cultures. «Elles se sont desséchées très rapidement», indique David Meder. «Nous sommes le secteur de France qui a été le plus impacté par le mois de juin sec», ajoute Vincent Le Ber. Alors, la déception est sur toutes les lèvres et peu de cultures y échappent.

En colza, «c’est la plus grosse déception de l’année, exprime le responsable céréales d’EMC2. Ils étaient très beaux en végétation et malgré une floraison tardive, on avait l’impression qu’ils avaient bien rattrapé. On dit toujours que le colza surprend, et cela se vérifie encore cette année». Seule consolation, la teneur en huile semble bonne, «nous nous situons autour de 44 %», indique Vincent Le Ber.

Une hétérogénéité marquée

Pour les rendements, les représentants des quatre coopératives lorraines s’accordent sur une moyenne inférieure à 30 q/ha (26 q/ha pour Lorca, 27 pour EMC2, 28 pour la CAL et le GPB). «On espérait dix de plus», reconnaît Jean-Marie Guerber. Pour le président du GPB, c’est en blé que la déception est la plus forte. «Sur ma ferme, j’ai les rendements du début des années 1980. Sur la coopérative, on atteindra péniblement une moyenne de 60 q/ha, avec une hétérogénéité bien plus marquée que d’habitude».

Ce constat d’hétérogénéité est partagé par tous, «c’est du jamais vu, indique Pierre-Antoine Ferru, directeur général du groupe CAL, les rendements oscillent entre 40 et 80 q/ha, voire 90 q/ha exceptionnellement au sud d’Épinal. La moyenne devrait se situer autour de 60 q/ha». Même écho pour Lorca, qui annonce un rendement moyen de 61 q/ha. Selon David Meder, le rendement sur la zone EMC2 devrait être un peu meilleur, à 65 q/ha, «avec de grandes disparités entre exploitations, certaines avec des moyennes à 75 q/ha, d’autres à 60 q/ha voire moins. Surtout, on observe des écarts importants entre parcelles d’une même exploitation, avec des différences variétales marquées et des contre-performances de variétés historiquement intéressantes». Les qualités sont correctes, mais pas exceptionnelles. 

En orge d’hiver, c’est encore l’hétérogénéité qui prime. «Les rendements vont de 35 à 75 q/ha, avec une moyenne à 60 q/ha, estime Pierre-Antoine Ferru. Il y a des grosses différences, selon les types de sols, et les fertilisations. C’est flagrant lorsque l’impasse a été faite sur le phosphore». Les autres coopératives annoncent de meilleurs rendements, bien que moyens : autour de 65 q/ha pour EMC2, 66 q/ha pour Lorca et 69 q/ha pour le GPB. En revanche, tous s’accordent sur la médiocrité du calibrage, et surtout sa variabilité. 

Retrouvez le bilan complet dans notre édition du 18 août.