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Le tournesol s'installe dans l'Est

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Pour un tournesol robuste, il faut viser un peuplement de cinq à sept pieds par mètre carré. Photo : A/Legendre
Pour un tournesol robuste, il faut viser un peuplement de cinq à sept pieds par mètre carré. Photo : A/Legendre

Alors que le tournesol s’ancre peu à peu dans l’Est de la France, Terres Inovia a fait le point sur quelques préoccupations agronomiques. La culture s'affirme comme un bon précédent. 

«En France, nous consommons 800.000 tonnes d’huiles de tournesol, et nous n’en produisons que 500.000», a introduit Louis-Marie Allard, ingénieur de développement chez Terres Inovia. La culture profite d’un marché porteur et a vu son prix doubler en trois ans. Dans l’Est, le tournesol prend de l’ampleur. En 2022, les surfaces ont augmenté de 22 % en Lorraine et les prévisions sont encore à la hausse pour 2023. Alors, c’est tout naturellement que le programme de la rencontre technique Terres Inovia, qui s’est déroulée le 25 novembre à Villers-lès-Nancy, a fait la part belle à cette culture.

Tableau de bord «tournesol robuste»

L’institut technique cherche à construire des repères pour les nouveaux producteurs de tournesol. Au programme : la construction d’un tableau de bord «tournesol robuste», à l’instar de ce qui a déjà été réalisé pour le colza. Les chiffres clés : une levée avant le 1er mai, un peuplement de cinq à sept pieds par mètre carré, un bon enracinement, de 15 cm ou plus et un nombre de feuilles vertes à floraison supérieur à vingt et supérieur à douze jusqu’à trente jours après la fin de la floraison. «Ce bon état végétatif après floraison indique une bonne valorisation des ressources hydriques estivales», indique Mickaël Geloen, ingénieur de développement pour Terres Inovia.

L’institut technique travaille sur les stratégies à adopter pour atteindre ces bons indicateurs : travail du sol non impactant pour la structure, maitrise des adventices et des maladies, couverts réussis, perturbation des ravageurs. Bénéfices attendus d’un tournesol robuste : un potentiel de rendement bien exprimé et une culture qui joue bien son rôle de précédent favorable. Car le tournesol est un bon précédent, même si les agriculteurs des régions Grand Est et Bourgogne Franche-Comté n’en sont pas convaincus. En effet, seuls 19 % d’entre eux considèrent la culture comme un bon précédent, selon une enquête Terres Inovia réalisé en 2020. Les agriculteurs de la zone auraient tendance à penser que le tournesol pompe les éléments fertilisants du sol, au dépend du blé qui suit.

Ne pas surfertiliser

Pour vérifier cela, Terres Inovia a réalisé une expérimentation sur deux ans et trois sites : un en Meurthe-et-Moselle, et deux en Côte-d’or. Deux modalités : une où le tournesol n’était pas fertilisé, l’autre où il a reçu 60 unités d’azote par hectare. Dans les deux cas, des reliquats azotés ont été réalisé au semis du tournesol. «Finalement, il n’y a eu que peu d’impact de la fertilisation du tournesol sur le blé suivant. On observe même, dans deux essais, que le blé suivant un tournesol surfertilisé a nécessité plus de fertilisation que celui qui suivait le tournesol non fertilisé», explique Mickaël Geloen. Pourtant, les deux tournesols n’affichaient pas de différences de rendements significatives. «La sur fertilisation du tournesol est toujours synonymes de pertes économiques», insiste Mathieu Dulot, ingénieur de développement pour Terres Inovia.