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Energies renouvelables : une centrale solaire thermique hors normes

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La centrale solaire thermique destinée à alimenter en chaleur la  tour de séchage qui vient transformer le latosérum liquide en  poudre a été inaugurée vendredi 8 décembre, en présence des différents acteurs du projet.©Newheat
La centrale solaire thermique destinée à alimenter en chaleur la tour de séchage qui vient transformer le latosérum liquide en poudre a été inaugurée vendredi 8 décembre, en présence des différents acteurs du projet.©Newheat

Vendredi 8 décembre, Newheat et Lactalis ont inauguré une centrale solaire thermique. Unique en son genre, elle servira à réduire de 6% les besoins en gaz de l’usine de lactosérum. 

"C’est un projet de territoire» affirmait Hugues Defréville, président et cofondateur de la start-up bordelaise Newheat, lors de l’inauguration de la centrale solaire thermique à Verdun, rappelant les enjeux de décarbonation et l’origine de cette centrale «les enjeux de décarbonation sont colossaux, et aujourd’hui la chaleur renouvelable est un moyen pour décarboner. Même si la chaleur renouvelable est encore dominée par le bois, le solaire thermique représente l’avenir, car il est le meilleur bilan carbone de ces énergies renouvelables. Il n’émet pas de particules, son prix est stable et il est cinq à six fois plus performant que le photovoltaïque pour produire la même quantité d’énergie. Aujourd’hui, on produit 1,3 térawatt par heure et la stratégie française sur l’énergie et le climat espère atteindre 10 térawatt-heure en 2035».

Être compétitif

«En 2017, les premiers échanges ont commencé entre Lactalis et Newheat, et rapidement le site de Verdun a été choisi pour mettre en œuvre ce projet. En 2018, cela s’est concrétisé avec la signature d’un premier accord pour des travaux, et en 2021, Lactalis a inauguré la tour n°4, une tour de séchage qui profite de la centrale solaire thermique depuis cet été, date du démarrage de la centrale» expliquait Hugues Defréville mentionnant la compétitivité de l’emplacement de la centrale. «Est-ce compétitif de mettre un tel projet à Verdun quand nous regardons nos autres installations comme celle de Narbonne reliée à un réseau de chaleur urbain ? Oui, ça l’est». 930 panneaux de 400 kg, venus de Finlande, composent le champ solaire, la partie productive de la centrale. Ils sont établis sur une surface de 14.843 m2, sur un terrain loué à un exploitant agricole de Fromeréville-les-Vallons où un troupeau de moutons s’établit du printemps à l’automne. En générant de l’eau chaude, ces panneaux alimenteront le site industriel grâce à sa puissance maximale d’environ 13 MWth qui est complétée par une cuve de stockage de 3.000 m3 permettant de stocker plusieurs jours de production de chaleur, afin d’assurer une continuité de fourniture en période nocturne et lors de journées nuageuses en période estivale. Cette chaleur permettra donc à la tour de séchage n° 4 du site Lactalis de transformer le lactosérum en poudre. C’est sur le site de Verdun que le lactosérum liquide est transformé en poudre, au moyen d’un processus de séchage afin d’être utilisé par la suite dans la fabrication de produits laitiers.

Réduire sa consommation

Exploitée par Newheat qui vend l’énergie à Lactalis sur un contrat de 25 ans, la centrale, nommée Lactosol «permettra de baisser de 7 % les émissions de gaz à effets de serre à l’échelle du site, soit environ 2.000 tonnes de Co2 par an ce qui amène à 50.000 t de Co2 évités. Nous réduirons notre consommation de gaz de 6 %, soit 11 % de la consommation de la tour de séchage et nous voulons ajouter une chaudière biomasse d’ici 2026, afin de remplacer près de 50 % du gaz consommé par une énergie renouvelable» ajoutait Jean-Luc Bordeau, directeur général de Lactalis ingrédient, division à laquelle appartient LactoSérum France. Pour un tel projet en comparaison, 250.000 photovoltaïques ou 80.000 arbres auraient été nécessaires pour éviter autant d’émissions de gaz à effet de serre et pour produire autant. Cette installation, sur 4,50 ha, fait de cette centrale, la plus grande centrale solaire thermique de France et la deuxième d’Europe alimentant un site industriel. Le projet a été financé pour la moitié par l’ADEME, par le GIP Objectif Meuse et la Région Grand Est, assurant ainsi sa réalisation.

 

NEWHEAT

Une entreprise française

Créée en 2015 par Hugues Defréville et Pierre Delmas, l’entreprise bordelaise Newheat comprend 45 collaborateurs et est un fournisseur d’énergies renouvelables, en chaleur solaire. Elle compte aujourd’hui cinq sites en activité pour un total de 40 MW : deux réseaux de chaleurs urbains (à Narbonne et à Pons), et trois sites industriels (une malterie dans l’Indre, une papèterie en Dordogne et Lactosol à Verdun). Un sixième projet devrait aboutir en Croatie sur une malterie et Newheat vient de lever 30 M€ pour accomplir quinze nouveaux projets au cours des trois prochaines années.