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«Les plantes pour sauver la planète»

Konrad Schreiber : L’’agriculture doit produire «plus et mieux avec moins», c’est-à-dire, «autrement». Photo : A. H.
Konrad Schreiber : L’’agriculture doit produire «plus et mieux avec moins», c’est-à-dire, «autrement». Photo : A. H.

Devant l’assemblée des Jeunes Agriculteurs, l’agronome Konrad Schreiber a plaidé pour un modèle d’agriculture fondé sur l’agro écologie, seul moyen selon lui, de relever le défi du réchauffement climatique.

L’intervention de Konrad Schreiber, a occupé une bonne partie de l’assemblée générale des Jeunes Agriculteurs, le lundi 28 février à Sampigny. Originaire d’Allemagne, l’homme a été éleveur laitier en Bretagne, où il a vécu les quotas et l’arrivée de la PAC, et s’est impliqué dans le mouvement CUMA. Assez de temps pour mesurer les défis posés à l’agriculture en matière d’environnement, et travailler sur les moyens de les relever. «On a compris qu’il existe des pratiques capables de produire sans polluer», a-t-il expliqué. Engagé dans l’agriculture durable, il accompagne désormais des agriculteurs dans le changement de leurs pratiques, notamment dans le cadre du réseau «La vache heureuse».

Besoin de produire plus

L’intervenant a rappelé la problématique du réchauffement climatique, et ses conséquences pour l’agriculture, contrainte à la fois de réduire ses émissions de Gaz à effet de serre (GES), et de produire plus pour nourrir la planète. En France, l’agriculture pèse 20 % des émissions, et devra les diminuer de moitié d’ici 2050. Plus que le CO2 (11 % des émissions), «les deux gros problèmes» sont le méthane (33 %) et le protoxyde d’azote (plus de la moitié), a-t-il rappelé, deux gaz à fort impact sur le réchauffement du climat. Le premier est issu surtout de l’élevage de ruminants, le deuxième des fortes concentrations de nitrates dans le sol, et de leur saturation en eau.

La réduction des émissions de GES va peu à peu s’imposer à l’agriculture. Or, pour Konrad Schreiber, les actions proposées, en particulier pour les grandes cultures, ne répondent pas toujours aux objectifs affichés. Il pointe par exemple «la réduction des engrais minéraux», et ses conséquences sur les rendements.

Leviers d’action

Face aux grands défis posés à la planète, «l’eau, l’alimentation, l’énergie, la santé», l’agriculture doit produire «plus et mieux avec moins», rappelle-t-il. C’est-à-dire, «autrement». Alors qu’il y a «trop de carbone dans l’air, et pas assez dans le sol», l’agroécologie pourrait permettre «de résoudre tous ces problèmes en même temps», avance Konrad Schreiber. Car les plantes sont les seules capables de transformer le «CO2 polluant en biomasse valorisable et en humus intrant».

Pour lui, les principaux leviers d’actions sont l’augmentation de la couverture des sols, l’agroforesterie, l’amélioration de la production des prairies, l’autonomie des élevages, ou encore la réduction du travail du sol ; tout en diminuant les achats extérieurs. Selon lui, l’agro écologie peut permettre d’améliorer la performance des systèmes de culture. «Les plantes sont la seule solution rentable pour la société pour contrôler le CO2 sur la planète», a-t-il conclu.