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Manifestation : «pas de transition sous pression»

Plus de 120 tracteurs ont défilé dans les rues de Bar-le-Duc avant de se rendre à la préfecture. Photo : L.L.
Plus de 120 tracteurs ont défilé dans les rues de Bar-le-Duc avant de se rendre à la préfecture. Photo : L.L.

La FDSEA 55 et les Jeunes Agriculteurs de la Meuse ont manifesté, vendredi 24 novembre, devant la préfecture de Bar-le-Duc. 200 agriculteurs se sont mobilisés avec plus de 120 tracteurs pour exprimer leur colère face aux trop nombreuses contraintes qu’ils subissent.

La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs avaient lancé un mot d’ordre national pour la semaine du 20 au 24 novembre «pas de transition sous pression» qui a été suivi par plus de quatre-vingts départements. Après la Moselle et la Meurthe-et-Moselle, c’est au tour de la FDSEA 55 et des JA de la Meuse de s’être mobilisés le vendredi 24 novembre.

Hausse des charges, insuffisance des moyens mis en œuvre par l’État dans la politique agricole commune, la révision de la directive IED (émissions industrielles), le manque de remise en cause permanente de la loi EGALIM ou encore le non-renouvellement de la dérogation pour les jachères sont autant de sujets qui préoccupent les syndicats et les ont poussés à manifester pour dénoncer «des mesures politiques incohérentes et déconnectées de la réalité agricole».
«L’agriculture va péricliter à très court terme, on nous demande de faire toujours plus blanc que blanc, et on nous entraine dans un régime de plus en plus vertueux mais qui fait décliner la production française au profit donc des autres concurrents du marché» soulignait Jean-Guillaume Hannequin, président de la FDSEA 55, interrogé lors de l’appel à la mobilisation.

Une forte revendication

L’appel des deux syndicats a été entendu par les agriculteurs meusiens et se sont plus de 120 tracteurs et plus de 200 agriculteurs qui se sont rendus devant la préfecture, à Bar-le-Duc. Venus de tout le département, les exploitants se sont regroupés en trois convois avant d’arriver dans les rues de la cité ducale puis sur la place Reggio, devant l’hôtel de la préfecture en fin de matinée pour exprimer leur colère «nous sommes là pour nourrir la France et on est foutu si ça continue comme ça» exprimaient un groupe de quatre jeunes étudiant à l’EPL Agro de Bar-le-Duc ; «on attend un changement, une prise en considération de l’État, moins de normes aussi, c’est pour cela que nous manifestons aujourd’hui» ont souligné d’autres manifestants.

Dans une atmosphère conviviale, les manifestants ont pu reprendre des forces avec un barbecue, avant d’assister à la prise de parole de Jean-Guillaume Hannequin. «Nous sommes là pour dénoncer les injonctions contradictoires et le meilleur exemple c’est les accords commerciaux avec l’Océanie pour permettre l’importation de certaines denrées» a-t-il déclaré d’emblée, après s’être félicité de la réussite de la mobilisation meusienne. Il a été suivi par William Doudoux, président des Ja, qui a dénoncé les jachères et le non-renouvellement de la dérogation des jachères, «des revendications, on en a d’autres, je prends l’exemple des jachères. On parle de souveraineté alimentaire mais on nous enlève des terres», «c’est un scandale politique» a ajouté Jean-Guillaume Hannequin qui faisait remarquer que «les phytos, on en a besoin, je le dis publiquement, et si on n’a pas d’alternatives, on est bloqué». «La pression administrative, on en parle ? on passe un tiers de notre temps à faire de la paperasse, à se justifier. Il y a un jeune qui s’installe pour deux départs en retraite, ce n’est pas assez et la pression administrative nous aide pas à nous installer» mentionnait William Doudoux, au cours de la prise de parole.

Se faire entendre

Toutes les normes, les contraintes, les incohérences politiques pesant sur le monde agricole ont été abordées ; même l’attitude de l’OFB illustrée par l’arrivée de quatre faux agents de l’Office français de la biodiversité, portant des masques de clown et un pistolet factice pour enfant dans la main qu’ils ont lancé dans la foule après avoir demandé symboliquement leur désarmement. L’OFB avait reçu la visite, le matin même de quelques tracteurs qui ont déversé du lisier, de la paille et des pneus devant leurs locaux. «Depuis que je suis président de la FDSEA, j’ai remonté aux autorités compétentes un nombre incalculable de dossiers absurdes» déclarait notamment Jean-Guillaume Hannequin à propos de l’OFB. Les deux syndicats agricoles ont lancé ensuite «on va faire ce qu’on nous demande de faire, laver plus blanc que blanc et on va nettoyer la place» avant de déployer un canon à mousse pour en projeter 10.000 litres sur la place.

Une lettre ouverte comportant les revendications et interrogations, adressée au président de la République a été remise au préfet de la Meuse, Xavier Delarue, lors d’une entrevue avec Jean-Guillaume Hannequin et William Doudoux en début d’après-midi. Elle a été lue devant les agriculteurs présents, rappelant qu’il n’y «aura pas de transition sans pression» : «on a su engager un grand mouvement d’adaptation de nos pratiques vers plus de durabilité. Nous répondons encore présents pour prendre part dans la planification de la transition écologique et la seule perspective qui est offerte c’est la surenchère normative au lieu de trajectoires d’accompagnement».