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Avec le robot, «la vache s’adapte plus vite que l’éleveur»

«Nous passons 70 bêtes sans problème» explique Guy Ravenel. Photo : A. J.
«Nous passons 70 bêtes sans problème» explique Guy Ravenel. Photo : A. J.

Pour maintenir l’élevage laitier sur la ferme, les associés du GAEC de la Haute Maison à Aincreville ont choisi d’investir dans un robot de traite. Ils ont expliqué les avantages et les inconvénients de ce système lors d’une journée technique organisée par la Chambre d’agriculture.

En 2021, 88 % des nouvelles installations en élevage laitier dans le Grand Est étaient robotisées. Au vu de l’essor rapide des robots de traite depuis une dizaine d’années, la Chambre d’agriculture de la Meuse a organisé plusieurs rencontres sur ce thème, dans le cadre du dispositif Inosys - Réseau d’élevage.

Un premier rendez-vous a eu lieu fin décembre au GAEC Jardin Fontaine à Forges-sur-Meuse. Une quinzaine d’agriculteurs se sont rendus plus récemment à Aincreville au GAEC de la Haute Maison pour s’informer sur les intérêts et les limites techniques et économiques de la mise en place d’un robot. «Nous espérons pouvoir répondre aux questions des éleveurs avec des informations théoriques et un retour d’expérience» développent Lisa Milan Balizeaux et Gaëlle Erling du service élevage de la Chambre d’agriculture.

Les intéressés se posent beaucoup de questions : «mes vaches vont-elles produire plus ? Faut-il étaler les vêlages ? Faut-il réformer davantage  Qu’en sera-t-il de la qualité du lait ? Mes vaches vont-elles pâturer autant ?». Au-delà du poids de l’investissement, le choix de la traite robotisée n’est pas neutre sur la question des conditions de travail ou sur l’évolution du système d’exploitation. Une étude globale est fortement recommandée en amont du projet. «Il faut raisonner en fonction de l’exploitation, de la main-d’œuvre et du troupeau» poursuivent les techniciennes.

Pâturage en sortie

«Un robot, ça ne fait pas tout, mais ça change la vie» explique Guy Ravenel, éleveur à Aincreville. C’est en juin 2021, après plusieurs visites sur d’autres exploitations que les trois associés du GAEC de la Haute Maison installent un robot. La salle de traite en 2x6 par l’arrière datait de 1999. Son fils, Johan Ravenel confie avoir choisi cette solution dans l’optique de conserver le troupeau laitier sur la ferme, en prévision du départ en retraite de son père. «La conception nous permet d’avoir une aire d’attente devant et un système de pâturage en sortie» complète-t-il. Le système est semi-guidé grâce à un jeu de barrières permettant des déplacements plus aisés.

«La première semaine, il faut surtout décycler les vaches. C’est le plus gros challenge lors des premiers jours» souligne un technicien de chez Soplan. «La vache s’adapte plus vite que l’éleveur» reprend Guy Ravenel. «Pour les agriculteurs, c’est un autre travail moins pénible et moins répétitif, mais le robot ne dispense pas de s’occuper de ses animaux». C’est une nouvelle routine à mettre en place.

Il faut au moins deux passages par vache et par jour pour que le robot soit rentable. «Pour cette année, notre moyenne est de 2,3 passages. Ce n’est pas élevé mais il y a du lait. Nous passons 70 bêtes sans problème, mais il n’en faudrait pas plus» poursuit l’éleveur. Pour ne pas saturer le robot, l’étalement des vêlages peut-être une solution envisagée. L’arrivée de plusieurs génisses dans le troupeau peut engendrer une charge de travail supplémentaire, le temps de l’adaptation.

Entretien préventif

«En trois ans, nous avons des soucis qu’avec une seule vache. Le passage en traite manuelle sur le robot était pratique dans ce cas» insiste-t-il. L’augmentation du taux de réforme est inévitable, avant une stabilisation au bout d’un ou deux ans.

Les alertes et les indicateurs visibles facilement sur le tableau de bord permettent aux éleveurs d’adapter leur travail sur la conductivité du troupeau, sur les vaches en retard et sur la fréquentation du robot. Guy Ravenel admet que certaines fois, souvent la nuit, l’alarme sonne car le robot fonctionne 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. «L’entretien préventif est important, même si le risque 0 n’existe pas» rappelle le technicien. Un nettoyage rigoureux est également recommandé pour éviter les sources de germes dans le lait. Bien entretenu, un robot a une longévité de 15 à 20 ans.