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Des leviers pour améliorer sa performance en élevage ovin

La gestion de l'alimentation est une des clés de maîtrise du coût de production. Photo d'archives.
La gestion de l'alimentation est une des clés de maîtrise du coût de production. Photo d'archives.

Après une matinée consacrée au coût de production, une vingtaine d’éleveurs, ont eu l’occasion de visiter l’atelier ovin du GAEC du Pain de Sucre à Agincourt lors d'une journée technique ovine.

Gilles Saget, responsable de projet à l’Institut de l’Elevage, et Laurent Keller, conseiller ovin à la Chambre d’agriculture de Meurthe-et-Moselle ont accueilli, le 11 janvier, à Agincourt, les éleveurs ovins de la région. Une vingtaine d’entre eux sont venus parfaire leurs connaissances sur les coûts de production.

Cheptel, surfaces, bâtiment, main-d’œuvre… «il faut au préalable définir le contour de l’atelier ovin», insiste Gilles Saget, d’autant plus important qu’une exploitation dispose de plusieurs ateliers. «Le coût de production comprend les charges opérationnelles, les charges de structure dont les amortissements et les charges supplétives (main d’œuvre, foncier, capitaux propres)», rappelle l’ingénieur, pour qui «le coût de production est une clé d’entrée mais n’est pas le critère le plus important. Il faut plutôt considérer le prix de revient». Le prix de revient est calculé à partir du coût de production moins les aides, couplées et découplées, moins les coproduits (réformes, laine, produits de la surface fourragère principale). «Sans être chasseur de primes, elles permettent de conforter son système».

L’approche coût de production a ses avantages, elle permet notamment de comparer les exploitations entre elle, mais elle a aussi ses limites : «elle est insuffisante pour apprécier la performance économique d’une exploitation. Elle ne prend pas en compte les interactions entre ateliers».

Mesurer la mortalité

La suite de la matinée a été consacrée aux leviers pour améliorer sa performance. «Les leviers sont connus, il n’y a pas de révolution, mais souvent, le plus complexe, c’est la mise en œuvre», souligne Gilles Saget. Laurent Keller s’est attardé sur les leviers techniques pour produire plus :

- la génétique : «un gain de 0,1 point de productivité sur une troupe de 300 brebis, ce sont 30 agneaux de plus à 140 euros, 1.000 euros de frais d’alimentation supplémentaires, mais, au bout le gain financier est de 3.200 euros» ;

- la gestion du renouvellement : il faut viser 20 % de renouvellement par an en élevage allaitant et 25 % en élevage laitier. «La prolificité des brebis est maximale à 4 ou 5 ans, la mortalité des agneaux augmente rapidement pour les brebis au-delà de 6 ans. Il ne faut pas hésiter à réformer quand c’est nécessaire» ;

- la mesure de la mortalité, «toute la mortalité pour pouvoir la maîtriser», insiste Laurent Keller ;

- la préparation du troupeau à produire : réaliser un flushing à destination des brebis pour les préparer à la mise-bas, «mais les béliers se préparent aussi. Il faut commencer le flushing deux mois avant la lutte car il faut soixante jours pour produire un spermatozoïde».

Simplifier l’alimentation des agneaux

Autre piste de travail : l’optimisation des charges, en jouant sur la gestion de l’alimentation et en gardant un œil sur les charges de structure. Les matières premières ont augmenté «mais vous pouvez agir sur la consommation de concentrés». Notamment en réalisant un diagnostic de gestation pour adapter le régime alimentaire. «Une échographie coûte 0,4 à 0,8 euros par brebis, alors qu’une brebis vide non repérée vous coûtera 80 euros en frais d’alimentation et de reproduction sans aucune vente d’agneau», alerte le conseiller. Autre piste évoquée : la simplification de l’alimentation des agneaux. «Commencez directement avec l’aliment destinée à la finition, vous ferez une économie d’un euro par agneau sans diminuer les performances».

Le conseiller recommande également de «miser sur l’herbe dès que possible». Pour des brebis vides en milieu de gestation, l’économie, entre un mois au pâturage et un mois de conduite en bergerie, est de 5 à 7 euros. Le foin et l’enrubannage de luzerne permettent, par ailleurs, des économies de concentrés azotés en lactation.

Maximiser ses produits

La mécanisation est aussi un levier à considérer. «Attention au dérapage», insiste Laurent Keller, d’autant que, contrairement aux itinéraires techniques, les investissements structurels, lourds, sont difficilement réversibles. «Mais il est indispensable de les étudier dans un objectif de maîtrise».

Améliorer ses performances passe également par la maximisation de ses produits, en jouant sur le poids et la qualité des carcasses, en vendant des agneaux bien conformés au bon moment et en valorisant au mieux les coproduits, en particulier les brebis de réforme. «Attention aux agneaux trop gras : la perte peut s’élever à 14 euros. La solution la plus efficace, à court terme, est de trier toutes les semaines les agneaux dans les lots de laitons et ne pas retarder la commercialisation de ceux qui sont finis». D’autres solutions existent comme le rationnement du concentré en finition deux à trois semaines avant la vente, ou, sur le plus long terme, travailler la génétique. «La solution en amont est d’équilibrer les rations des brebis en fin de gestation et en lactation».

«Le coût de production est un indicateur synthétique qui permet de faire un point global sur son atelier mais il ne faut pas se focaliser dessus, il faut prendre du recul sur l’’adéquation coût/produit et aussi sur les autres critères (rémunération du travail et trésorerie permise). Il ne faut pas oublier la cohérence globale du système», résume Laurent Keller.