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Une autre approche de la paratuberculose

Selon Eric Méens : « Le microbiote répond surtout au régime alimentaire, qui est le moteur essentiel de l’état pathologique ». Crédit : A. HUMBERTCLAUDE
Selon Eric Méens : « Le microbiote répond surtout au régime alimentaire, qui est le moteur essentiel de l’état pathologique ». Crédit : A. HUMBERTCLAUDE

Vétérinaire en Normandie, et spécialiste de cette maladie, Eric Meens a présenté une nouvelle façon d’appréhender la paratuberculose, par une approche globale de la conduite du troupeau et de l’alimentation.

La paratuberculose est une maladie bactérienne qui touche les bovins,  très répandue en France et dans le monde, avec des conséquences économiques qui peuvent être importantes pour les éleveurs. Elle est provoquée par une bactérie capable de persister très longtemps dans l’environnement.  L’assainissement des élevages est difficile, et coûteux sur le plan économique. L’efficacité de la vaccination est aussi limitée. Plutôt qu'une vision « uniquement hygiéniste » d’aborder  la maladie, une autre approche « plus globale » peut aussi être envisagée, a expliqué le docteur Eric Meens, lors d'une formation organisée par le GDS à Bras-sur-Meuse fin janvier.

Alimentation et système immunitaire

Cette approche repose sur la « résilience », « capacité à surmonter une maladie, pour revenir à un bon état de santé ». L’enjeu est de « redonner cette capacité quand elle a été perdue ». Eric Méens invite ainsi à avoir une vision globale, c’est-à-dire considérer le cheptel et tout son environnement : alimentation, pâtures, logement, équipement de traite, hygiène...Il cite, à l’appui, des exemples d’élevages contaminés, qui ont éliminé la paratuberculose en quelques années, en modifiant leurs pratiques. « Si on redonne ses capacités à l’animal, il va très bien gérer la paratuberculose, mais aussi les autres maladies », a-t-il expliqué.

Parmi les facteurs à considérer, l’alimentation tient une place très importante pour préserver le système immunitaire de l’animal. Elle influe directement sur le « microbiote», l’ensemble des bactéries et autres micro-organismes qui vivent dans l’appareil digestif et permettent la digestion. « Le microbiote répond surtout au régime alimentaire,  moteur essentiel de l’état pathologique », souligne l’intervenant. Un déséquilibre de ce microbiote, a des conséquences importantes sur l’immunité. Par exemple, en cas d’acidose, l’intestin devient plus perméable, et laisse passer des mauvaises bactéries . « L’inflammation chronique de l’intestin est un facteur majeur de la paratuberculose » a expliqué l’intervenant.

Pour préserver cet équilibre, Eric Méens recommande une alimentation,  «variée », « qui ne doit pas varier», et « non avariée ». Aussi, les transitions alimentaires doivent être particulièrement soignées, d'au moins trois semaines. « Le microbiote n’aime pas le changement» a-t-il insisté.

« Révolution à venir »

Eric Méens a ensuite distillé de nombreux conseils pour bien alimenter son troupeau. Il a aussi cité les nombreux autres facteurs  qui peuvent influer sur l’équilibre du microbiote, tels que le « stress social » ou thermique, les courants parasites, etc... Un espoir réside dans la génétique : un index de résistance sera bientôt disponible.

Et pour illustrer l’importance du microbiote, le vétérinaire a ouvert une parenthèse en évoquant les travaux chez les humains, qui n’en sont encore qu’à leurs débuts ; il y voit « une révolution à venir » pour le traitement de nombreuses maladies, y compris le cancer. Des traitements ont déjà fait leur preuve contre la maladie de Crohn.