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Cerfrance Adheo : des conseils pour gérer mieux en conjoncture instable

Les échanges entre les conseillers et les exploitants ont rythmé  les réunions, comme ici à Savonnières-devant-Bar.
Les échanges entre les conseillers et les exploitants ont rythmé les réunions, comme ici à Savonnières-devant-Bar.

Un cycle de réunions sur la conjoncture agricole organisé par CerFrance Adheo en novembre vient de s’achever. Une centaine d’agriculteurs ont pu échanger avec les conseillers sur les revenus 2023, la fiscalité, le conseil stratégique phytosanitaire, ou bien encore l’assolement…

Trois réunions d’information étaient organisées par CerFrance Adheo courant novembre. Au programme  : un point sur la situation climatique, les chiffres clés de  2023 (prix, rendements, coûts de production, revenus…), des conseils en gestion d’exploitation et en fiscalité, et un point sur les nouveautés de la PAC et du CSP (Conseil stratégique phytosanitaire). Les échanges entre conseillers d’entreprise et exploitants ont rythmé ces réunions, qui ont réuni une centaine d’agriculteurs, à Laxou (54), Belleville-sur-Meuse et Savonnières-devant-Bar.

Gare à l’effet ciseaux

Après une belle année  2022 en termes de résultats, l’année  2023 s’affiche plus en demi-teintes. Les prix de vente des céréales (blé, orge, colza…) sont tous inférieurs à ceux du premier semestre  2022. Si le même constat peut être fait du côté du lait (avec une baisse de 90  € les 1.000  litres rien qu’au cours du premier semestre  2023), le prix du lait n’en reste pas moins plus élevé en 2023 que sur la moyenne de ces 10 dernières années. Le lait biologique voit son prix augmenter (+  24,10  € par rapport à juillet  2022), à cause d’une forte baisse de la production et d’une filière qui ne va pas bien. De leur côté, les coûts de production ont explosé en  2023 sur certains postes (+  100  % sur les engrais, +  20  % sur les frais financiers, ou encore +  12  % sur les phytos). Cette forte hausse des charges, corrélée à la baisse des prix, pèse sur le résultat des exploitations. Alors que celui-ci était nettement supérieur en  2022 à la moyenne  2018-2022 pour les trois principaux systèmes de production lorrains (céréales, lait céréales, céréales viande), les prévisions pour  2023 laissent apparaître des résultats supérieurs à la moyenne 2018-2022 (46.000 €/ Utaf) pour les systèmes «lait céréales» (55.000  €/Uta), mais bien inférieurs pour les systèmes «céréales pures» (23.000 €/Utaf).  Ces chiffres incitent à la prudence pour la trésorerie des exploitations. Avec d’un côté la baisse du résultat économique et du résultat fiscal, et de l’autre la hausse des prélèvements sociaux et de la fiscalité suite aux bons résultats de  2022, les exploitants agricoles doivent faire face à un important «effet ciseaux».

Des outils fiscaux pour gagner en agilité

Dans ce contexte, les conseillers d’entreprise sont revenus sur cinq dispositifs qui peuvent être mis en place pour lisser les revenus et atténuer les effets fiscaux des résultats de  2022. Parmi ceux-ci, citons la moyenne triennale fiscale. Cette option permet de lisser les variations de revenus, ce qui peut éviter d’avoir à passer à la tranche d’imposition supérieure. Elle prolonge par ailleurs les effets d’autres options fiscales telles que la DEP (Déduction pour épargne de précaution) ou les amortissements dérogatoires. Sa durée s’applique sur trois ans, renouvelable tacitement. Autre dispositif fiscal à étudier : la DEP justement, qui elle aussi va permettre de lisser les revenus exceptionnels. Notons que le projet de loi de finances pour  2024 prévoit une augmentation des plafonds (plafond pluriannuel actuellement fixé à 150.000 €). L’appui d’un conseiller d’entreprise est pertinent pour élaborer la meilleure stratégie possible. Celle-ci permettra d’appréhender les prélèvements et la trésorerie futurs, mais aussi de mieux préparer un départ à la retraite (optimisation des points retraite par exemple), de travailler sur la prévoyance, sur une future succession, etc.

Les nouveautés du CSP et de la PAC

 Les réunions se sont achevées autour de nouveautés liées au CSP et à la PAC. Côté CSP, l’obligation s’appliquera bien au 1er janvier 2024 : à partir de cette date, chaque exploitation qui utilise des produits phytosanitaires devra avoir obtenu son CSP pour renouveler son certiphyto (hors exploitations bio ou labellisées HVE). Un nouveau décret prévoit toutefois une période transitoire. Concrètement, l’exploitant qui doit renouveler son certiphyto disposerait d’un délai de douze mois non renouvelable pour fournir son attestation CSP, à condition de présenter un justificatif de prise de rendez-vous auprès d’un conseiller agréé CSP (tels que les conseillers CerFrance Adheo). Concernant la PAC enfin, la nouvelle période  2023-2027 qui démarre donne l’occasion de mener une réflexion globale sur ses assolements, et tout ce qui gravite autour (écorégime, conditionnalité, optimisation UGB…). Là encore, profitons de la saison un peu plus calme qui arrive pour se poser les bonnes questions pour aujourd’hui et pour demain.