Réélu l’an dernier à la tête de l’exécutif régional, Jean Rottner a créé la surprise mardi, en annonçant son retrait total et imminent de la vie politique. Explications.
La nouvelle a fait l’effet d’une mini bombe dans l’univers impitoyable du microcosme politique régional. Peu nombreux étaient ceux dans la confidence, en particulier parmi les élus de la collectivité territoriale. Jean Rottner a annoncé mardi 20 décembre, par un simple communiqué de presse, à entête de la Région Grand Est, qu’il allait «se retirer de l’ensemble de [ses] mandats d’ici la fin de l’année». Une décision qu’il précise «mûrement réfléchie» et qu’il justifie par «des impératifs familiaux». «Ce choix est à respecter» réclame l’ancien maire de Mulhouse (2010-2017) qui avait succédé, il y a cinq ans, à un autre alsacien, Philippe Richert ; lequel avait démissionné, lui aussi en cours de mandat, pour raisons personnelles, mais fatigué, déjà, par les oppositions au Grand Est dans sa région d’origine, l’Alsace.
Successions inédites de démissions
Jean Rottner (LR) confie avoir «passionnément aimé l’engagement public… La politique est un art qui force à donner le meilleur de soi-même au service d’une action collective». Après avoir remercié ses équipes et ses collaborateurs, il positionne Franck Leroy (Horizons), le premier vice-président du Grand Est, pour assurer son intérim, le plaçant ainsi sur orbite pour sa succession. «Il a toute ma confiance» signe Rottner, à l’endroit de l’actuel maire d’épernay depuis 2000. Laurent Jacobelli, le chef de file du Rassemblement National dans l’hémicycle régional, s’est, lui aussi, porté candidat à la succession.
Ce rebondissement sur l’échiquier politique régional intervient après une succession inédite de démissions parmi les élus sur la liste Rottner de 2021. En particulier celles de deux proches : le vice-président au tourisme Arnaud Robinet (Horizons) et Boris Ravignon, le maire de Charleville-Mézières.
Jean Rottner aura été le véritable bâtisseur de la nouvelle grande Région alliant Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne, Phillippe Richert étant resté en fonction moins de deux années. Alors qu’il s’était opposé, dans un premier temps, à la fusion des trois anciennes régions de programme, il s’était ensuite mis au diapason des contours souvent très éloignés les uns des autres de la nouvelle collectivité ; n’hésitant pas à la sillonner du moindre canton rural d’un des dix départements, à la petite bourgade d’un autre.
Jean Rottner affichait un large soutien au monde agricole. Huit agriculteurs et viticulteurs ont été élus lors du renouvellement de 2021, dont sept sur les listes emmenées par le président sortant du Conseil régional. Lors du dernier Salon de l’agriculture, la Région communiquait sur l’accompagnement qu’elle entendait apporter à la «transition écologique et numérique de l’agriculture en Grand Est».
