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Un début de moisson entre les gouttes

Les orges d’hiver pas encore terminées, la récolte des autres céréales a déjà débuté. Photo : DR
Les orges d’hiver pas encore terminées, la récolte des autres céréales a déjà débuté. Photo : DR

Commencée timidement début juillet, la moisson est montée en intensité cette semaine, à la faveur d’une fenêtre météo propice, mais après un fort épisode pluvieux qui complique la récolte et impacte la qualité des grains.

La moisson 2021 s’annonçait plutôt sous de bons auspices, après plusieurs années de sécheresse ; l’évolution des cultures laissait même prévoir un retour à une date de récolte plus « normale ». Mais c’était sans compter sur la météo, venue une fois de plus jouer les trouble-fête, couchant les denrées et rendant difficile, voire impossible, l’accès à certaines parcelles, en particulier en fond de vallée ou bordure de cours d’eau.

« Nous avons vécu hier (lundi, ndlr) la première vraie journée de moisson », témoigne David Méder, directeur céréales à EMC2. Avant l’épisode de fortes pluies de la mi-juillet, la coopérative régionale n’avait engrangé que de faibles quantités d’orge d’hiver ; en ce début de semaine, elle estimait à « moins de la moitié » le volume collecté.  Trop tôt encore pour tirer des conclusions, même si les premières tendances se dégagent.

Faibles PS et grains germés

Du côté de la qualité, « les poids spécifiques (PS) n’étaient déjà pas très élevés avant la pluie, et sont encore en baisse depuis ; on s’attend à une moyenne de 60, voire moins », explique le responsable. Du côté du calibrage, critère important pour la brasserie, « on devrait être proche de 70 %, soit 10 à 12 points de moins que l’an dernier », une tendance qui restait à confirmer, mais laisse présager une valorisation significative en alimentation animale.  Pas de problème par contre pour le taux de protéines, qui a 10,8, reste dans la norme pour la malterie.

Par contre, il faudra compter avec une part de grains germés sur pied, jusqu’à 10 à 15 % pour certaines parcelles, conséquences des fortes pluies. « Il y a aura du travail sur le classement et l’allotement de la récolte », prévoit David Méder. Quant au rendement, « il est moyen à correct, sans extrêmes comme l’an dernier », la fourchette variant « de 65 à 80 q/ha ».

Côté commercialisation, difficile encore de dire quel effet aura cette moindre qualité, dans un contexte de marché qui restait plutôt favorable, « tout dépend de ce qui sera proposé », estime David Méder. La coopérative a de son côté remonté le taux d’humidité maximale à 17 %, sans frais de séchage, « pour faire gagner quelques heures de fauche ».

LES RECOLTES S'ENCHAÎNENT

Les orges d’hiver pas encore terminées, que déjà s’enchainait la récolte des autres denrées. Lors de la journée de lundi, « nous avons déjà rentré du colza, du pois, du blé, de l’orge de printemps et de l’avoine », indique le responsable de la coopérative. Là aussi les conséquences des fortes pluies se sont sentir. « Beaucoup de parcelles de pois ne sont pas mûres, mais les gousses se sont ouvertes sous l’effet de la germination des grains ». Un phénomène qui se retrouve aussi sur le colza, culture très limitée en surface cette année, suite à la répétition des sécheresses à l’automne.

Du côté de l’état sanitaire des cultures, si les champs à moissonner n’arborent pas leur couleur dorée habituelle, le risque de retrouver de l’ergot, fusariose ou des mycotoxines, n’est pas avéré. « Il faudra voir ce qui sort réellement de la moissonneuse », rassure David Méder.